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mandarin particulier, à cause des embarras que le commerce de la mer leur attire.


Des postes.

Dans tous les lieux où il y a des postes, il se trouve un mandarin qui en a soin : les chevaux de poste sont tous à l’empereur, et personne ne peut s’en servir que les courriers de l’empire, les officiers, et ceux qui sont envoyés de la cour. Ceux qui sont chargés des ordres de l’empereur, ont ces ordres renfermés dans un grand rouleau, couvert d’une pièce de soie de couleur jaune, qu’ils portent en écharpe derrière le dos : ce sont ordinairement des gens de quelque considération, et ils sont escortés par plusieurs cavaliers. Leurs chevaux n’ont pas beaucoup d’apparence, mais ils n’en sont pas moins bons, ni moins capables de soutenir les longues courses qu’on leur fait faire : on leur fait courir pour l’ordinaire 60 et 70 lys[1] sans en changer. Une poste se nomme tchan : deux postes sont deux tchan.

Ces postes où l’on change les chevaux, ne sont pas toujours en égale distance les unes des autres ; les plus proches sont de 50 lys ; il y en a rarement de 40. Les courriers ordinaires portent leur valise attachée sur le dos ; et dans le mouvement du cheval, la valise porte sur un coussin appuyé sur la croupe du cheval. Leurs valises ne sont pas pesantes, car ils ne portent que les dépêches de l’empereur, ou celles des Cours souveraines, ou les avis des officiers des provinces. Ils ne laissent pas de porter aussi, quoiqu’un peu à la dérobée, des lettres de particuliers, et c’est en cela que consistent leurs menus profits.


Incommodités dans les voyages.

La plus grande et presque l’unique incommodité qui se trouve lorsqu’on voyage, principalement durant l’hiver, et dans la partie septentrionale de la Chine, c’est la poussière ; car il n’y pleut presque jamais durant l’hiver, et il y tombe quantité de neige, surtout en certaines provinces, mais moins à Peking.

Lorsque le vent souffle avec violence, il s’élève des tourbillons de poussière si épais, et si fréquents, que le Ciel en est obscurci, et qu’à peine peut-on respirer : on est souvent obligé de se couvrir le visage d’un voile, ou de lunettes qui s’appliquent immédiatement sur les yeux, et qui étant enchâssées dans de la peau ou dans de la soie, s’attachent par derrière la tête, de sorte qu’on voit fort clair, sans être incommodé de la poussière. Comme les terres sont très légères, elles se détachent aisément, et se réduisent en poussière, quand la pluie leur manque durant un temps considérable.

La même chose arrive dans les autres chemins de l’empire, qui sont fort fréquentés et battus par une infinité de gens qui voyagent à pied ou à cheval, ou sur des chariots. Ce mouvement continuel élève un nuage épais, d’une poussière très fine, qui serait capable d’aveugler, si l’on ne prenait ses précautions.

Cette incommodité ne se fait pas sentir dans les provinces du sud, mais ce qu’on y aurait à craindre, ce serait le regorgement des eaux, si l’on n’y avait pas pourvu, par la quantité de ponts de bois et de pierre qu’on y a construits.

  1. On peut vor la valeur des lys. Tome I, page 79, à la marge.