Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/87

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Quelques-uns qui échappèrent à la cruauté, quittèrent la ceinture jaune, et changeant de nom, se mirent au rang du peuple. Ils sont encore connus pour être du sang impérial des Ming ; l’un d’eux a été domestique de nos missionnaires dans une maison que notre compagnie a dans cette ville, et cette maison a été bâtie par un de ces princes, qui sachant que les Tartares le cherchaient, prit la fuite et disparut.

Ces princes, outre leur femme légitime, en ont ordinairement trois autres, auxquelles l’empereur donne des titres, et dont les noms s’inscrivent dans le tribunal des princes : les enfants qui en naissent, ont leur rang après les enfants légitimes, et sont plus considérés que ceux qui naissent de simples concubines, qu’ils peuvent avoir en aussi grand nombre qu’ils souhaitent.

Ils ont pareillement deux sortes de domestiques : les uns qui sont proprement esclaves, les autres qui sont des Tartares ou des Chinois tartarisés, que l’empereur donne en grand ou petit nombre, à proportion de la dignité dont il honore les princes de son sang. Ces derniers font l’équipage du régulo, et on les appelle communément les gens de sa porte : il y a parmi eux des mandarins considérables, des vicerois, et même des tsong tou : quoiqu’ils ne soient pas esclaves comme les premiers, ils sont presque également soumis aux volontés du régulo, tant qu’il conserve sa dignité. Ils passent après sa mort au service de ses enfants, s’ils sont honorés de la même dignité.

Si le prince pendant sa vie vient à déchoir de son rang, ou si le conservant jusqu’à la mort, sa dignité ne passe pas à d’autres de ses enfants, cette espèce de domestiques est mise en réserve, et on les donne à quelques autres princes du sang, lorsqu’on fait sa maison, et qu’on l’élève à la même dignité.

L’occupation de ces princes, en remontant du cinquième ordre jusqu’au premier, est pour l’ordinaire d’assister aux cérémonies publiques, de se montrer tous les matins au palais de l’empereur, puis de se retirer dans leur hôtel, où ils n’ont d’autre soin que celui de gouverner leur famille, les mandarins, et les autres officiers dont l’empereur a composé leur maison. Il ne leur est pas permis de se visiter les uns les autres, ni de coucher hors de la ville, sans une permission expresse.

Il est aisé de voir pour quelle raison on les assujettit à des lois si gênantes : il suffit de dire qu’elles leur donnent un grand loisir, et que la plupart ne l’emploient pas trop utilement. Il y en a cependant que l’empereur occupe dans les affaires publiques, et qui rendent de grands services à l’empire. Tel a été le treizième frère de l’empereur régnant.

On met encore au rang des nobles :

En premier lieu, ceux qui ont été autrefois mandarins dans d’autres provinces, car, comme je l’ai dit, nul ne peut l’être dans son propre pays, soit qu’ils aient été cassés de leurs emplois, et presque tous sont de ce nombre ; soit que d’eux-mêmes ils se soient retirés avec l’agrément du prince, ou qu’ils y aient été forcés par la mort de leur père, ou de leur mère ; car un mandarin