Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/875

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avaient ses trois propres fils. Elle les instruisit si bien tous huit, qu’ils occupèrent tous avec honneur les premiers emplois du royaume.


Tien tsi tse ministre dans le royaume de Tsi, tira de ceux qui dépendaient de lui une somme assez modique, et la vint remettre à sa mère. Mon fils, lui dit-elle, il n’y a que trois ans que vous êtes en place : je sais à quoi se montent vos appointements ; vous avez eu des dépenses à faire. D’où peut venir cette somme que vous m’apportez ? Ma mère, répondit Tsi tse, je vous avoue que je l’ai reçue des officiers subalternes. Mon fils, reprit aussitôt la mère, un bon ministre doit servir son prince avec affection et sans intérêt : du moins doit-il se conserver les mains nettes, et n’user point de mauvais artifices pour s’enrichir. Quand il lui en vient dans l’esprit, il doit au plus tôt les rejeter. Enfin il doit éviter jusqu’au soupçon d’être facile à recevoir un argent, qui ne vient point par les bonnes voies ; être réellement aussi désintéressé qu’il souhaite de le paraître au dehors, et donner par sa conduite de l’autorité à ses paroles. Le prince vous a fait l’honneur de vous mettre en place ; vos appointements sont considérables : c’est par une conduite irréprochable qu’il faut répondre à ses bienfaits. Sachez, mon fils, que les devoirs d’un sujet, et surtout du ministre d’un prince, ne sont pas moins inviolables, que ceux d’un fils à l’égard de son père. Il doit au prince qu’il sert, un attachement sincère, un zèle ardent, une fidélité à toute épreuve. Il doit donner des preuves de toutes ces vertus, même au péril de sa vie, si l’occasion le demande. Et comme ces occasions si périlleuses sont peu fréquentes, il faut du moins qu’il se distingue par une constante droiture, et par un désintéressement parfait. Outre les autres avantages d’une telle conduite, elle seule peut mettre à couvert de ce qui s’appelle méchantes affaires. En prenant une autre route, vous devenez méchant ministre, comment seriez-vous bon fils ? Allez, retirez-vous de ma présence ; je ne vous reconnais point pour mon fils. Faites de cet argent ce qu’il vous plaira : jamais bien mal acquis n’entrera chez moi.

Tien tsi tse se retira plein de confusion et de repentir. Il rendit l’argent de ceux dont il l’avait tiré, alla s’accuser lui-même aux pieds du prince, et lui demander le châtiment qu’il méritait. Suen vang, qui régnait alors dans le royaume de Tsi fut charmé de la vertu de cette femme, li lui fit donner de son trésor une grosse somme, pardonna à Tien tsi tse, et le conserva dans son emploi.


Kiang, fille du roi de Tsi, fut donnée pour femme à Suen vang, un des empereurs de la dynastie Tcheou. Cette princesse était également spirituelle et vertueuse. Jamais on ne remarqua rien qu’on pût blâmer dans ses actions et dans ses paroles. Elle souffrait de voir dans le prince une indolence et une paresse peu dignes de lui. Il se couchait tous les jours de fort bonne heure, et se levait à proportion encore plus tard. Voici l’expédient dont elle s’avisa pour le corriger.

Un jour elle quitta ses pendants d’oreilles, ses aiguilles, et ses autres ornements de tête ; elle se mit à l’écart dans une ruelle en posture de