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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/181

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DE LA
PHILOSOPHIE MORALE


DES CHINOIS.


Les philosophes de la Chine réduisent toute leur morale à cinq principaux devoirs ; aux devoirs des pères et des enfants ; du prince et des sujets ; du mari et de la femme ; du frère aîné et des cadets ; et enfin des amis entre eux. Presque tous leurs livres ne traitent que de l’obéissance des enfants envers leurs parents, et des disciples à l’égard de leurs maîtres ; de la fidélité des sujets envers le prince et de la conduite que le prince doit tenir avec ses sujets ; de la déférence que la femme doit avoir pour son mari ; de la tendresse qui doit régner parmi les frères ; et de l’attachement réciproque et inviolable des amis.

C’est sur le respect qu’on doit aux parents et aux maîtres, que les Chinois ont principalement établi les fondements de leur morale et de leur politique. Ils sont persuadés que, si les enfants conservent cet esprit de respect, de soumission, et d’obéissance qu’ils doivent à ceux qui leur ont donné la vie ; et que si les peuples regardent les souverains comme leurs pères, toute la Chine ne fera qu’une famille bien réglée, où toutes les parties de l’État s’entretiendront dans une paix et dans une union inaltérable.

C’est dans cet esprit, qu’ils solennisent tous les ans avec tant de cérémonies, le jour de la naissance de l’empereur, des vice-rois, des gouverneurs dans chaque province, et des parents dans chaque famille. Ni l’âge avancé, ni le haut rang où l’on serait élevé, ni les mauvais traitements qu’on aurait reçus, ne dispensent point un fils du respect, de la complaisance, et de l’amour qu’il doit à ses parents.

Ce sentiment de la nature est porté par les Chinois au plus haut point de la perfection ; et les lois donnent aux pères un pouvoir absolu sur leurs familles ; ils ont même le droit de vendre leurs enfants à des étrangers, s’ils sont mécontents de leur conduite. Un père qui accuse son fils devant le mandarin de quelque manquement à son égard, n’a pas besoin