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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/287

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Lou yen tchang, fils de Lou pin suen, venant d’être fait kiu gin, son père lui fit bâtir une maison à part, et la remplit d’inscriptions de sa propre main. Voici le sens de quelques-unes.

Chercher à faire une maison riche et puissante, c’est un obstacle à bien servir le prince et l’État. Point d’empressement pour les emplois, surtout s’ils sont lucratifs. Point de flatterie pour ceux qui sont en crédit : simplicité, frugalité, tranquillité de cœur, fuite des honneurs, amour de la retraite ; quatre importantes leçons, qui comprises en quatre lettres, font la tradition de ma famille. Je l’ai reçue de mes ancêtres ; je la transmets à mes enfants : qu’ils s’y conforment, et je suis content.

Dans une pièce de poésie, qui a pour titre, le siècle instruit, on lit les maximes suivantes :

Un homme d’âge, qui est en même temps vertueux, quel qu’il soit d’ailleurs, est très respectable.

Un homme par zèle et par attachement vous dit des vérités désagréables ; si vous vous fâchez contre lui, vous avez grand tort.

Il y a une espèce de gens qui font profession de ne reconnaître ni père[1], ni roi. Évitez d’avoir avec eux aucun rapport.

Il en est d’autres aussi hardis à tromper et à vexer les pauvres, que flatteurs et rampants à l’égard des riches. Gardez-vous bien de les imiter.

Il y a certaines personnes assez réglées dans leurs mœurs, mais du reste, ce sont gens sans discernement, et sans lumières : ne les consultez pas dans vos doutes.

Celui qui promet facilement et à la légère manque souvent de parole. Ne vous fiez point à des gens de ce caractère. Encore moins devez-vous vous reposer d’aucune affaire sur ceux, qui même en votre présence, parlent tantôt d’une façon, tantôt d’une autre.

Non seulement il faut une exacte droiture à l’égard de ceux avec qui nous vivons, mais il n’est pas même permis de chercher à tromper la postérité.

Certaines gens se font une occupation de s’entretenir de tous ceux qu’ils connaissent, et s’arrogent le droit de décider sur leur mérite. Méchant caractère. Évitez-les, s’il se peut : mais il est de la prudence de ne les pas imiter.

Vous savez qu’un tel, quand il a bu, n’est pas homme ; ne l’invitez jamais à boire.

Ne retenez jamais chez vous un homme équivoque et peu connu.

Un pauvre dans la misère vous a fait quelque dommage ; un homme que vous connaissez naturellement prompt, vous a offensé par promptitude ; ne traînez ni l’un ni l’autre en justice, c’est trop de sévérité. Enfin voyez-vous quelqu’un dans l’affliction ou dans la misère ? Faites-vous une loi de lui procurer la consolation, et le secours qui dépend de vous.

Recommander aux gens de lettres qui sont dans les grands emplois, de ne point chercher à acquérir de riches terres, ni à bâtir de vastes maisons,

  1. On indique par cette expression les bonzes de la secte Foë.