Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/29

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les King, que l’impératrice Yuen kiang, qui était stérile, accompagnant l’empereur à un sacrifice solennel, demanda des enfants au Chang ti avec tant de ferveur, qu’elle conçut presqu’au même temps ; et que dix mois après sa prière, elle mit au monde un fils nommé Heou tsie, qui fut la tige d’une glorieuse postérité, et célèbre par un grand nombre d’empereurs, que sa famille donna à la Chine.

Il y eut lieu de s’étonner qu’un prince aussi sage que Ti ko, ne choisît point pour son successeur à l’empire, ni cet enfant de prières, ni Yao qu’il avait eu de la seconde reine Kin tou, ni Ki lié fils de la troisième reine Kien tié et qu’il préféra à de jeunes princes déjà si estimables par leur vertu, son autre fils nommé Tchi, qu’il avait eu de la quatrième reine Tchang y, en qui l’on ne remarquait aucune qualité digne du trône : aussi ne l’occupa-t-il pas longtemps.

On lit dans le livre intitulé Cang kien[1], que la providence du Chang ti veillait au bien de l’État, et que ce fut par ses ordres, que le suffrage unanime des peuples déposa ce mauvais prince, pour mettre le vertueux Yao en sa place, qui joignit à la qualité d’empereur celle de législateur, et qui devint le modèle de tous les princes ses successeurs. L’Y king rapporte que pendant les soixante premières années de son règne, il n’aurait jamais pu porter, comme il faut, les sciences au plus haut point de perfection, sans l’assistance extraordinaire du Tien.

A la soixante-unième année le peuple se multipliant, et les plus belles campagnes étant toutes couvertes d’eaux qui s’y étaient ramassées, et que quelques-uns croient être des restes du déluge, le grand Yu s’appliqua à faire écouler les eaux dans la mer, à aplanir les terres éboulées, et à les partager entre les peuples.

Neuf ans après ce grand empereur songea à s’associer au gouvernement de l’empire, un sage qu’il pût faire son successeur. « Je ne trouve aucun mérite dans mes neuf enfants, dit-il à ses ministres : cherchez-moi quelqu’un, n’importe en quelle famille, pourvu qu’il soit véritablement sage, et d’une vertu éprouvée. »

On lui suggéra un jeune homme de la campagne nommé Chun, qui étant continuellement en butte aux mauvais traitements d’un père, d’une mère, et de son frère aîné, n’en était que plus respectueux envers ses parents, et souffrait toutes leurs injures et leurs mauvais traitements, avec une douceur et une patience, que rien ne pouvait altérer.

« Voilà l’homme que je cherche, dit Yao ; lui seul est capable de maintenir l’ordre et la paix dans la famille impériale, et de régler sur ce modèle toutes les familles de ce vaste empire. » Il éprouva encore pendant trois ans sa vertu, et ensuite il le fit son gendre, son associé à l’empire, et son unique héritier, à l’exclusion de tous les princes de son sang, et même malgré les représentations de Chun, qui ne se croyait pas les qualités nécessaires pour être à la tête d’un si grand empire.

Dès qu’il fut en possession du trône, sa première fonction, dit le Chu

  1. C'est-à-dire, Histoire générale.