Je crains que si la femme de Tchao so mettait au monde un fils, ce fils devenu grand, ne fût pour moi un redoutable ennemi ; c’est pourquoi je la retiens dans son palais comme en prison. Il est tantôt nuit ; comment mon envoyé peut-il tant tarder, je ne le vois point revenir.
La princesse est accouchée d’un fils, qui s’appelle l’orphelin de la maison de Tchao.
Cela est-il bien vrai ? Quoi ? Cet avorton s’appelle l’orphelin de la maison de Tchao ? Laissons passer un mois, je serai toujours assez à temps pour me défaire d’un petit orphelin ; qu’on porte mon ordre à Han koué, qu’il aille garder l’entrée du palais, où demeure la femme de Tchao so, qu’il examine bien surtout ce qui en sortira : si quelqu’un est assez hardi pour cacher cet enfant de Tchao, je le ferai mourir, lui, et toute sa race, qu’on affiche cet ordre partout, et qu’on en avertisse les mandarins inférieurs ; si quelqu’un allait contre cet ordre, il serait coupable du même crime.
Il me semble que les maux de tous les hommes sont renfermés dans mon cœur ; je suis la fille du roi de Tsin. Le traître de Tou ngan cou a fait périr toute ma famille. Il ne me reste plus que ce pauvre orphelin que je porte entre mes bras ; il me souvient que son père, mon époux, étant