de noir, et celui-là qui tue le chien, et cet autre qui soutient un chariot dont on a ôté une roue ; en voici un qui se casse la tête contre un arbre de cannelle, que veut dire tout cela ? Il n’y a aucun nom écrit ; je n’y comprends rien. (Il chante.) Voyons le reste. Ce général d’armée a devant lui une corde, du vin empoisonné, et un poignard ; il prend le poignard, et s’en coupe la gorge : pourquoi se tuer ainsi soi-même ? Mais que veut dire ce médecin avec un coffre à remèdes ? Et cette dame qui se met à genoux devant lui, et veut lui donner un enfant qu’elle porte ; pourquoi s’étrangle-t-elle avec sa ceinture ? (Il chante à plusieurs reprises.) Cette maison souffre beaucoup : que ne puis-je tuer un si méchant homme ! Je n’y conçois rien ; attendons mon père, il m’expliquera tout cela.
Mon fils, il y a longtemps que je vous écoute.
Mon père, je vous prie de m’expliquer les peintures de ce rouleau.
Vous voulez, mon fils, que je vous les explique ? Vous ne savez pas que vous y avez bonne part.
Expliquez-moi tout cela le plus clairement qu’il sera possible.
Voulez-vous savoir toute cette histoire ? Elle est un peu longue. Autrefois cet habillé de rouge et cet habillé de noir furent sujets du même roi, et mandarins en même temps ; l’un l’était de lettres, et l’autre d’armes ; c’est ce qui les rendit ennemis. Il y avait déjà du temps qu’ils étaient mal ensemble, quand l’habillé de rouge dit en lui-même : celui qui commence est le plus fort, celui qui tarde trop a toujours du dessous ; il fit partir secrètement un assassin, nommé Tsou mi, et lui ordonna de sauter par-dessus les murs du palais de l’habillé de noir, et de l’assassiner ; mais l’habillé de noir, grand ministre d’État, avait coutume toutes les nuits de sortir dans sa cour, et de faire là sa prière au maître du ciel et de