Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/112

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Il nous témoigna encore son affection, faisant souvent porter des mets de sa table dans notre tente, voulant même en de certaines rencontres, que nous mangeassions dans la sienne : et toutes les fois qu'il nous faisait cet honneur, il avait égard à nos jours d'abstinence et de jeûne, nous envoyant seulement des mets dont nous pussions user. Le fils aîné de l'empereur à l'exemple de son père, nous marquait aussi beaucoup de bonté ; ayant été contraint de s'arrêter durant plus de dix jours, à cause d'une chute de cheval, dont il fut blessé à l'épaule droite, et une partie de l'armée dans laquelle nous étions, l'ayant attendu, pendant que l'empereur avec l'autre continuait sa chasse : il ne manqua pas durant ce temps-là de nous envoyer tous les jours, et même souvent deux fois le jour, des viandes de sa table. Au reste nous regardons toutes ces faveurs de la maison royale, comme les effets d'une providence particulière, qui veille sur nous et sur le christianisme : nous avons d'autant plus de sujet d'en remercier Dieu, que l'affection de l'empereur ne se montre pas toujours si constante envers les Grands de l'empire, et même envers les princes du sang. Pour ce qui regarde les autres particularités de notre voyage, elles sont semblables à ce qui arriva l'année passée au voyage de la Tartarie orientale, que j'ai décrit dans ma dernière lettre, c'est-à-dire, que nous nous sommes servis des chevaux de l'empereur, et de ses litières, que nous avons logé dans les tentes, et mangé à la table du prince son oncle, auquel il nous avait particulièrement recommandés. Durant plus de 600 milles que nous avons fait en allant et en revenant, car nous ne sommes pas retournés par la même route, il a fait faire un grand chemin à travers les montagnes et les vallées pour la commodité de la reine mère, qui allait en chaise, il a fait encore jeter une infinité de ponts sur les torrents, couper des rochers, et des pointes de montagnes, avec des peines et des dépenses incroyables.