Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/120

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Le premier jour de juin nous fîmes seulement 55 lys, toujours dans la même vallée et côtoyant les mêmes montagnes, à 4 ou 500 pas de distance du côté du nord, et environ à 2.000 du côté du sud : nous allâmes presque toujours droit à l'ouest, et nous ne commençâmes à prendre un peu du nord que vers les 15 derniers lys que nous passâmes dans deux petites villes, la première nommée Hoai lay, à 20 lys du lieu où nous avions campé ; et la seconde nommée Tou mou, à 30 lys de la première. Elles sont toutes deux environnées de murailles de briques, avec des tours de distance en distance : nous trouvâmes aussi d'autres petits forts et des tours éloignées à la même distance que le jour précédent. Ils sont à 4 ou 500 pas des montagnes, et il y en a de part et d'autre au nord et au sud : les forts ont été revêtus de briques : mais avec le temps la brique a été enlevée, et maintenant ils ne sont plus que de terre. Il y a proche Hoai lay une petite rivière sur laquelle on trouve un fort beau pont de pierre, à plusieurs arcades : nous la passâmes pourtant à gué. Toute cette campagne est sèche et stérile, à la réserve de quelques pièces de terres qui sont autour de ces deux petites villes, et qui étant arrosées par de petits ruisseaux qu'on fait couler dans les champs, portent de fort beaux grains et des légumes en quantité : les montagnes sont toujours fort hautes, et tout à fait stériles de côté et d'autre ; nous eûmes tout le jour un grand vent d'est qui nous garantit de la chaleur. Nous campâmes à 4 ou 5 lys au nord de Tou mou sur une petite hauteur : le camp s'étendait jusques auprès de cette ville, le long d'un petit ruisseau ; on nous dit qu'on ne faisait que de petites journées, pour ne pas ruiner d'abord l'équipage, et surtout les chevaux qui sont fort maigres, et qu'on nourrit assez mal. On se contente, quand on est campé, de les envoyer dans des pâturages qui ne sont pas fort gras dans cette contrée. Quelque petites que fussent les journées on ne laissait pas de se lever dès deux heures du matin, et de partir avant cinq heures. Tout ce pays a toujours été et est encore occupé par les Chinois, comme le prouvent les lettres chinoises taillées dans la pierre au-dessus des portes de ces deux villes ; nous eûmes un peu de pluie sur le soir, mais elle ne dura pas. Le deuxième nous partîmes à cinq heures du matin, selon notre coutume, et nous fîmes ce jour-là 70 lys ; nous côtoyâmes toujours les montagnes qui sont au nord, nous passâmes par une ville nommée Pao ngan, qui est plus grande et plus peuplée que toutes celles par où nous avons passé depuis la sortie des montagnes. Cette ville a deux enceintes de murailles toutes de brique : le terroir d'alentour est le meilleur et le plus gras que nous ayons trouvé dans toute cette vallée, les grains et les légumes y sont très beaux, quoique la terre soit un peu sèche. Les Chinois ont trouvé le secret d'arroser leurs champs, en y faisant couler par des canaux l'eau des fontaines qui sont aux environs ; ou des puits qu'ils ont creusés, ils tirent l'eau de ces puits à force de bras. Nous passâmes