arbres, et sans aucune habitation ; le temps fut tempéré tout le jour : un bon vent d'ouest modérait la chaleur, mais il fut couvert depuis midi. Le soir tous les mandarins de la suite des ambassadeurs s'assemblèrent proche la tente de Kiou kieou, et tirèrent de l'arc en présence des ambassadeurs. Le 11 nous ne fîmes que 40 lys, à cause de la pluie qui avait duré toute la nuit, et qui continua le matin jusqu'à neuf heures. Ce fut à cette heure-là que nous partîmes ; nous marchâmes toujours à l'ouest, prenant même quelquefois un peu du sud ; mais ce n'était ordinairement qu'en tournant autour de quelques montagnes. Le pays que nous traversâmes est fort inégal, plein de collines et de hauteurs : il y a même quelques montagnes assez élevées, mais nous les laissâmes à côté ; le grand chemin que nous suivîmes fut presque toujours dans des vallées ou de petites plaines ; nous ne vîmes ce jour-là ni arbre, ni maison, ni terre cultivée ; nous campâmes dans une petite plaine nommée Lotoheye, où il y a un ruisseau et de bons pâturages. Vers les 3 à 4 heures il passa un grand orage un peu au nord de notre camp, dont nous ne fûmes pas incommodés : nous reçûmes seulement quelques grains d'une assez grosse grêle, mais nous entendîmes de grands coups de tonnerre pendant plus d'une heure : au reste nous eûmes assez beau temps pendant le chemin, sans pluie, et sans soleil, avec un vent d'ouest modéré. Nos gens virent quelques chèvres jaunes : c'est un animal que nous n'avons pas en Europe, au moins je crois que ce que les Chinois appellent chèvres jaunes, a assez de rapport aux gazelles ; il y en a dans ce pays une grande quantité : elles vont par troupes de 1.000 et de 2.000 mais elles sont extrêmement sauvages ; car du plus loin qu'elles aperçoivent des hommes, elles fuient à toutes jambes ; on ne les prend qu'en faisant une grande enceinte pour les enfermer. Nos ambassadeurs voulurent se donner le plaisir de cette chasse en chemin faisant ; mais ils n'y réussirent pas. Le 12 nous fîmes 70 lys, dont plus de la moitié fut en tournoyant autour des montagnes, que nous trouvâmes à environ 30 lys du lieu où nous avions campé : nous suivîmes toujours un chemin assez frayé ; le peu de chemin que nous fîmes droit à la route, fut au nord-ouest ; et je n'estime pas que la route prise en droiture à ce rumb vaille plus de 40 lys. Le ruisseau sur lequel nous avions campé, coule aussi le long de ce chemin, et serpente perpétuellement dans les vallées qui sont entre ces montagnes ; au moins je crois que c'est le même, car je n'ai pu tout à fait m'en assurer : nous le passâmes plus de dix ou douze fois, parce qu'il coupait le grand chemin : ce ruisseau s'appelle Imatou : nous campâmes encore sur son rivage. Dans les montagnes, entre lesquelles nous passâmes, dont une bonne partie est de roches escarpées, il y a assez bon nombre d'arbrisseaux ; nous en trouvâmes aussi quelques-uns dans les vallées, mais je n'en vis pas un seul d'une grandeur médiocre, ils étaient tous forts petits ; nous ne vîmes point
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