Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/152

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

venu joindre, étant revenu sur ses pas environ dix ou douze lieues pour cet effet ; nous apprîmes en même temps que nous n'étions qu'à douze lieues du lieu où campait So san laoyé, que nous y trouverions du fourrage et de l'eau suffisamment pour tout notre monde, ce qui nous consola un peu, dans l'espérance de nous remettre de la fatigue extrême que notre équipage avait souffert dans ces horribles déserts. Le 19 nous fîmes quatre-vingts lys, soixante au nord-est, et le reste au nord ; dans la première moitié du chemin, nous trouvâmes çà et là des endroits où il y avait d'assez bons fourrages, mais point d'eau, le terrain toujours de sable, et le pays toujours inégal. Après avoir fait près de soixante-dix lys, nous trouvâmes deux petites troupes de Tartares de Kalka fugitifs, campés dans une petite vallée, où ils avaient un puits dont l'eau était fort mauvaise : ce qui nous obligea d'avancer encore environ dix lys, où l'on nous assura qu'il y avait de l'eau suffisamment pour tout notre train ; nous ne découvrîmes cependant qu'un puits, mais il donna de l'eau en abondance : elle sentait un peu la fange, mais elle était fraîche ; le fourrage d'alentour avait été consommé par ces Tartares fugitifs, qui avaient campé dans le même lieu ; nous trouvâmes proche de ce puits une pauvre femme malade, dénuée de tout secours, et aux environs plusieurs bestiaux qui étaient morts. Il fit assez frais tout le matin, le temps fut couvert jusqu'à midi : il tomba même quelques gouttes de pluie, et il fit tout le jour un grand vent d'ouest, qui n'empêcha pas qu'il ne fit fort chaud l'après-dinée. Sur le soir il vint encore des gens de So san laoyé nous donner avis que le président du Lympha yuen avait envoyé un mandarin sur notre route pour reconnaître les chemins, et pour apprendre en quel état sont les affaires dans le lieu où résident l'empereur de Kalka, et le lama son frère : que ce mandarin avait été pris par des Tartares d'Eluth, et mené aussitôt à leur roi ; que le prince avait d'abord traité assez rudement le mandarin, voulant l'obliger à ne lui parler qu'à genoux, mais que le mandarin avait refusé généreusement de le faire, disant qu'il n'était point son vassal, mais officier de l'empereur de la Chine ; que sur cette réponse on ne le pressa pas davantage. Ils nous ajoutèrent que le roi d'Eluth lui avait demandé quel était le dessein qui l'avait amené avec toute cette soldatesque dans le pays, et s'il ne venait pas au secours des Kalkas ; que le mandarin lui avait répondu, qu'à son départ de Peking on n'avait nulle connaissance de la guerre qu'il faisait aux Kalkas et qu'on venait uniquement pour traiter de la paix avec les Moscovites, et non pas se mêler des affaires du roi de Kalka avec lequel on n'était point en liaison ; que le roi d'Eluth satisfait de cette réponse lui avait rendu la liberté, en lui faisant présent de deux cents moutons, de dix chevaux, et d'un chameau ; cette nouvelle causa beaucoup de joie à Kiou kieou, parce que cette guerre l'inquiétait, ne sachant s'il pouvait sûrement continuer son voyage. Ces gens nous apprirent aussi, qu'il était faux que les Moscovites se fussent