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Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/161

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avec les soldats Mongous, vint trois lieues au-devant de nos ambassadeurs avec un taiki ou parent d'un régulo mongou ; lorsque nous fûmes arrivés au lieu où nous devions camper, qui sert justement de limites aux Mongous, sujets de l'empereur, et au royaume de Kalka, il régala les ambassadeurs et presque toute leur suite à la manière tartare : il nous obligea d'être aussi du festin, et nous fit beaucoup d'honneur, nous plaçant auprès des ambassadeurs. Ce festin consistait en deux plats de chair mal hachée et peu cuite, en un grand plat dans lequel il y avait presque un mouton entier, coupé en plusieurs pièces pour chacun des ambassadeurs, et pour les autres un plat à deux, la chair à demi cuite selon la coutume des Tartares : ce mouton fut servi aux ambassadeurs dans des plats de cuivre, aux autres dans de petites auges, assez semblables à celles où l'on donne à manger aux pourceaux en Europe : il y avait encore du riz, du lait aigre, et de méchant bouillon mêlé avec de la viande de mouton coupée par tranches, et du thé tartare en abondance. C’est en quoi consista tout le festin, sur lequel les Tartares, et particulièrement les Mongous et tous les domestiques des mandarins, la plupart chinois, donnèrent avec grand appétit, sans rien laisser de ce qui fut servi : il n'y avait point d'autres tables que des nattes étendues sur le sable sous une tente : ces nattes servaient tout à la fois de nappe et de serviettes. Le taiki fut des conviés, et fit parfaitement bien son devoir ; il fit servir de son thé qu'on avait apporté dans un grand broc de cuivre : mais il était beaucoup moins bon que celui du second président : on donna aussi une sorte de vin qui devait être bien mauvais : à la réserve de quelques Mongous personne n'osa en goûter. Après le repas les ambassadeurs dépêchèrent trois ou quatre Mongous pour aller au devant des mandarins, députés vers les Moscovites, afin de les ramener ici en diligence. Le même jour je pris la hauteur méridienne des limites, que je trouvai de soixante-deux degrés cinquante-cinq minutes, ou de soixante-trois degrés : car je n'en pus juger qu'à ces cinq minutes près ; d'où il suit que la hauteur du pôle est de quarante-trois degrés douze minutes. Il fit fort chaud tout le jour : vers le soir un petit vent d'ouest rafraîchit l'air. Ce jour-là même il passa ici un mandarin du palais que l'empereur envoyait au roi d'Eluth pour savoir quelles étaient ses prétentions dans cette guerre ; et cependant Sa Majesté avait ordonné à tous les régulos mongous ses sujets, depuis la province de Leao tong jusque vers la fin de la grande muraille, de se mettre sous les armes, d'assembler leurs gens, et de se camper chacun sur les frontières de ses terres : il a lui-même envoyé des régulos de sa suite avec des troupes camper au-delà des principaux détroits des montagnes, le long desquels règne la grande muraille, afin d'être en état de s'opposer aux entreprises du roi d'Eluth, en cas qu'il voulût s'avancer du côté de la Chine. Le 9 nous séjournâmes dans notre camp ; je pris encore la hauteur