Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/170

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n'avait pu le voir, parce qu'il n'était arrivé qu'après son départ. Il ne put rien nous apprendre de ceux de nos gens, qu'on avait députés vers les plénipotentiaires de Moscovie. Il fit assez chaud tout le matin, mais le temps fut couvert depuis midi avec un vent de sud-ouest, et nous eûmes de la pluie une partie de la soirée et de la nuit. Le premier et le second jour de septembre le temps fut couvert et pluvieux tout le jour : nous ne sortîmes point de notre camp. Le 3 So san laoyé donna un repas aux autres ta gin et à tous les mandarins et officiers qui étaient encore dans notre camp en petit nombre : il nous y invita aussi, et il voulut même manger lui seul avec nous à une même table : Kiou kieou, Ma laoyé et Ou laoyé furent servis à une autre table près de la sienne ; je n'avais point encore vu servir les viandes si bien ni si proprement préparées depuis que nous sommes en voyage. Ensuite ils allèrent à la chasse au lièvre, et ils en tuèrent quantité en très peu de temps : au retour So san laoyé nous en envoya quatre en présent : il nous a toujours traité durant le voyage avec une distinction particulière ; et en toute occasion il parlait de nous en des termes pleins d'estime, surtout en présence des plus considérables mandarins qui nous connaissaient moins ; ce qui nous attirait beaucoup d'honnêtetés de leur part. Le temps fut serein tout le jour avec un vent d'est assez frais jusque vers le soir que nous eûmes un orage accompagné de tonnerre, d'un grand vent, et d'une grosse pluie. Le 4 il passa en notre camp un officier du palais de l'empereur, qui allait en poste faire compliment de la part de Sa Majesté au Grand lama de Kalka. Il ramenait avec lui le lama qui était venu saluer Sa Majesté de la part du Grand lama de Kalka. Ce lama député était un homme bien fait de corps et de visage, ayant le teint naturellement aussi blanc que les Européens, mais un peu hâlé du soleil : il avait aussi l'air plus dégagé, et paraissait avoir plus d'esprit qu'aucun autre Kalka que j'eusse vu : il était vêtu à leur mode d'une veste de soie rouge, mais déjà bien vieille et bien salie de graisse : aussi ces messieurs ne se servent-ils point d'autre serviette pour essuyer la graisse de leurs doigts et de leur bouche, que de leurs propres habits. Celui-ci ne fit pas de façon, après avoir humé un bouillon gras, de s'essuyer la bouche avec la manche de sa veste. Il fit assez frais ce jour-là et le suivant, que régna un grand vent de sud-ouest. Le 6 le temps se couvrit après midi, et redevint serein au coucher du soleil : la nuit fut fort froide. Le 7 il vint un courrier de l'empereur, qui ordonnait à nos ta gin d'envoyer des chameaux chargés de riz au-devant des députés qui étaient allés porter leur lettre aux plénipotentiaires de Moscovie, afin qu'ils n'en manquassent pas sur la route. Ce courrier rapporta aussi que Sa Majesté était allée du côté de l'est pour la chasse du cerf à l'appeau, à laquelle elle prend un plaisir particulier.