Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/194

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en un carré oblong de maçonnerie de brique fort simple, d'environ huit pieds de long sur cinq de large, et quatre de haut, arrondi en voûte par dessus. Il y avait au-devant une grande pierre de marbre blanc, ornée de dragons taillés, en demi-relief sur le haut, avec une bordure tout autour de la pierre également travaillée ; le milieu était peint de noir, et on y devait écrire en tartare et en chinois l'éloge que l'empereur a fait du Père, avec une petite épitaphe latine ; cette pièce de marbre qui pouvait avoir neuf à dix pieds de long, trois ou quatre de large, et plus d'un d'épaisseur, était élevée perpendiculairement sur une tortue aussi de marbre blanc, qui lui sert de piédestal. Au-devant de ce mausolée, on avait élevé une tente, sous laquelle il y avait trois tables, une de chaque côté, et une au milieu, toutes trois couvertes de tapis, et celles des côtés chargées de fruits. Sur celle du milieu il n'y avait que des fleurs. Le Tribunal des rits avait envoyé vingt taëls, qui font plus de 120 livres, pour la dépense des fruits. Si laoyé se mit à genoux, de même que tous les assistants, et y demeurèrent tout le temps qu'un des officiers du Tribunal lisait l'éloge, que l'empereur avait fait du Père, écrit en langue tartare sur du papier jaune. Cette lettre fut écoutée dans un grand silence. Dès qu'elle fut finie, nous remerciâmes l'empereur par neuf prosternations. Après quoi Si laoyé s'en retourna avec tous les officiers de son Tribunal, sans vouloir accepter le dîner qu'on lui avait préparé. Les mandarins du Tribunal des mathématiques, et les principaux chrétiens qui avaient assisté à la cérémonie, restèrent, et furent traités avant que de s'en retourner chez eux. Le même jour l'empereur étant revenu de sa maison de plaisance, nous allâmes au palais pour demander des nouvelles de sa santé, pour le remercier de l'honneur qu'il avait fait au père Verbiest ; comme il reposait quand nous arrivâmes, nous fûmes obligés d'y retourner le lendemain. Le 21 l'empereur alla en cérémonie au temple du ciel, pour lui sacrifier, suivant la coutume, le jour du solstice. Le 27 l'empereur partit avec la cour, pour aller à la chasse dans les montagnes qui sont proches de la grande muraille ; il n'y devait passer que dix ou douze jours à chasser, et de là se rendre au lieu de la sépulture de son aïeule, pour y faire la cérémonie de l'anniversaire de sa mort. Le 18 l'empereur arriva à Peking ; on nous dit qu'il avait tué six tigres dans le temps de la chasse. Le 20 qui était le dernier jour de l'année chinoise, l'empereur nous envoya à chacun un cerf, des faisans, et de très beaux poissons venus de Leao tong ; il a coutume de faire tous les ans un semblable présent au commencement de la nouvelle année chinoise. Quelques princes du sang et plusieurs mandarins nous avaient aussi envoyé les jours précédents de la venaison, des volailles, etc. Nous leur avions fait nos présents selon l'usage qui s'observe généralement dans tout l'empire, où les parents et les amis ne