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Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/197

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Le Père ayant satisfait à toutes ces demandes, il lui fit donner trois bassins remplis de fruits apportés de Peking, lui disant d'en manger, qu'ils étaient bons, et qu'on aurait de la peine à en trouver de semblables dans ces quartiers du sud. Ensuite le Père ayant demandé permission à l'empereur de l'aller attendre sur la porte de son église, par devant laquelle il devait passer, Sa Majesté lui répondit qu'il se pressât s'il voulait y arriver à temps, parce qu'il avait dessein de faire diligence ; le Père y arriva avant l'empereur, qui l'ayant remarqué à son passage, lui sourit, en lui faisant un signe de tête plein de bonté. Le premier jour d'avril nous reçûmes une seconde lettre du père Intorcetta, qui nous faisait le détail des honneurs que Sa Majesté avait continué de lui faire pendant son séjour de Hang tcheou. Premièrement, dit-il, il envoya Tchao laoyé avec deux autres mandarins de son palais à la maison du père missionnaire, avec ordre de faire l'adoration accoutumée dans l'église ; elle consiste à se mettre à genoux, et à baisser plusieurs fois la tête jusqu'à terre ; ce que firent ces trois officiers de l'empereur ; après cette cérémonie ils donnèrent au Père vingt taëls d'argent que l'empereur lui envoyait pour marque de sa bienveillance ; la longue conversation qu'ils eurent ensuite avec le Père, fut suivie de la collation, à la fin de laquelle il leur montra quelques curiosités qu'il avait préparées pour les offrir à Sa Majesté. Secondement, il alla le même jour au palais, où il remercia l'empereur de l'honneur qu'il lui avait fait et lui présenta les curiosités ; l'empereur les ayant considérées, garda seulement une boule de cristal, disant qu'il l'acceptait uniquement pour épargner à ce bon vieillard le chagrin qu'il aurait, s'il ne recevait rien de lui. Troisièmement, le jour que l'empereur partit de Hang tcheou, le Père songea à accompagner ce prince selon la coutume, et il mena avec lui le père Laurifice italien, qui ne faisait que d'arriver de Song kiang où il fait sa résidence, pour se trouver sur le chemin de Sa Majesté ; s'étant tenus tous deux devant la porte de l'église de Hang tcheou lorsque l'empereur passa, ce prince s'arrêta, et demanda qui était ce nouveau missionnaire, et d'où il était venu ; quand on l'eut satisfait sur ces demandes, il poursuivit son chemin, et envoya dire incontinent après aux deux Pères de se rendre incessamment au lieu où il allait s'embarquer. Ils obéirent et se rangèrent dans leur barque au lieu par où l'empereur devait passer ; ils furent d'abord aperçus de Tchao laoyé qui les cherchait des yeux, et qui en avertit l'empereur. Sa Majesté mit aussitôt la tête à une fenêtre, et leur fit signe de la main de s'approcher, ce qu'ils firent ; l'empereur entretint familièrement le père Laurifice, et lui fit donner vingt taëls ; ensuite ayant demandé au père Intorcetta jusqu'où il prétendait l'accompagner, et le Père ayant répondu qu'il avait résolu de suivre Sa Majesté jusqu'à Sou tcheou ; — Je ne veux point, dit l'empereur, que vous preniez cette peine ; à l'âge où vous êtes, il faut vous épargner une pareille fatigue, et ménager votre santé ; il le renvoya comblé d'honneurs et de bienfaits à la vue d'