Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/199

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tout ce qui était nécessaire pour monter cette lunette ; de plus il apporta un astrolabe d'une invention nouvelle, que le même père de Fontaney avait aussi offert à Sa Majesté ; cet astrolabe, qui est très simple, sert à trouver toutes les éclipses de lune et de soleil, l'année, le jour et le mois, d'une manière facile et en un moment ; Sa Majesté nous fît dire de mettre par écrit la manière de s'en servir. Tchao laoyé nous dit ensuite beaucoup de choses avantageuses du père de Fontaney, et nous témoigna que l'empereur avait grande idée de son habileté dans les mathématiques. Sa Majesté lui ayant fait demander si l'étoile de Canopus se pouvait voir à Nan king, le Père avait répondu ingénument qu'il ne le croyait pas ; cependant après quelques réflexions, et ayant fait le calcul, il trouva qu'elle y pouvait paraître sur l'horizon vers le mois de février, de mars, et d'avril, et il en fit aussitôt donner avis à l'empereur, lequel alla sur le soir à l'observatoire de Nan king pour observer cette étoile, et il la vit effectivement. Le même Tchao laoyé nous conta diverses aventures qui étaient arrivées à l'empereur pendant son voyage, dont nous avions déjà ouï parler, et qui marquaient la plupart combien Sa Majesté s'était rendue populaire, et la joie que le peuple avait marquée de voir son souverain.

Il y eut entr'autres un bon vieillard de la province de Chan tong, qui voyage, ayant crié au milieu de la foule : — Ou est l'empereur, que je le voie, Sa Majesté s'arrêta, et fit avancer ce bon paysan, qui s'étant approché assez près du prince, lui demanda tout franchement : — Est-ce vous qui êtes le seigneur empereur ? et Sa Majesté ayant répondu que oui, le paysan après l'avoir un peu considéré, lui dit : — Vous êtes encore jeune, j'en suis bien aise, et ensuite ayant monté sur un méchant cheval qu'il avait, prit la bride du cheval de l'empereur, disant que puisqu'il n'avait rien à offrir à Sa Majesté, au moins il voulait mener son cheval par la bride. L'empereur devant passer près d'un village qui est entre les montagnes de la province de Chan tong, les paysans n'ayant rien à lui offrir, allèrent à la chasse, et ayant tué un sanglier, ils le chargèrent sur leurs épaules, puis s'approchant de Sa Majesté, — Nous avons su, lui dirent-ils naïvement, que notre souverain devait passer sur nos terres, et dans la disette où nous nous trouvons, nous sommes allés à la chasse, où nous avons été assez heureux que de tuer ce sanglier que nous vous présentons. D'autres paysans lui apportaient de petits pains tout noirs, les uns dans un sac, les autres sur le pan de leur veste ; quelques-uns brûlaient des parfums devant son cheval ; tous s'empressaient à voir Sa Majesté, qui bien loin de les faire éloigner, ordonnait qu'on laissât approcher tout le monde. Ses questions roulaient ordinairement sur l'équité des mandarins ; il s'informait du peuple, si le mandarin qui les gouvernait, était juste et modéré, et s'il ne les opprimait pas par d'injustes vexations. Cette affabilité de l'empereur à l'égard des peuples, l'indulgence qu'il eut de leur remettre une partie des tributs qu'ils devaient payer cette année-là ; enfin son attention à examiner les déportements des mandarins, lui ont gagné