Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/210

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Nos gens prirent une très grande quantité de poissons, petits et gros, la plupart dans cette petite rivière. Le temps fut semblable à celui du jour d'auparavant. Le 24 nous fîmes 70 lys au nord, et au nord-nord-ouest, dans un pays semblable au précédent, toujours assez découvert, ayant de temps en temps des collines, où il n'y a que quelques arbres et des buissons ; nous vînmes camper sur les bords d'une petite rivière qui coule avec beaucoup de rapidité du nord vers le sud, prenant un peu de l'ouest ; nous trouvâmes en cet endroit de très bons fourrages et en quantité ; nous campâmes en un lieu nommé Oustoukouré. Il plut ce jour-là après midi assez longtemps. Le 25 nous fîmes 75 lys, tantôt au nord, tantôt à l'est, et le plus souvent au nord-est ; nous tournoyâmes ainsi pour éviter, autant qu'il se pouvait, les sables mouvants, dont le pays est plein. Ce sont les vents qui amassent ces sables en forme de collines, il faut à tous moments les monter et les descendre, ce qui rend les chemins extrêmement difficiles, surtout pour les chariots ; nous vînmes camper à l'entour d'un grand étang, qui a bien trois ou quatre lieues de tour. Il faut que cet étang soit formé de plusieurs sources d'eau, car il ne tarit jamais, bien qu'il soit peu profond ; l'eau en est fort claire et bonne à boire, le fond est de vase ; il ne laisse pas d'y avoir du poisson qui est fort gras et de fort bon goût ; nos gens qui pêchèrent, en prirent quatre d'un coup de filet. Il n'y a dans cet étang, ni joncs, ni roseaux, ni herbes ; nous y vîmes quantité d'oies sauvages, de canards, et de cygnes ; So san laoyé qui fit mettre sur l'eau une barque que le roi lui a donnée, laquelle se démonte et se porte sur un chameau, tua quatre ou cinq de ces cygnes, et quelques oies sauvages ; les uns et les autres n'avaient aucune plume à leurs ailes, par conséquent ne pouvaient voler. On dit que ces oiseaux mettent bas leurs plumes en cette saison. A peine étions-nous campés sur les bords de cet étang, que le feu prit à des herbes sèches, dont la campagne était couverte ; comme il faisait un vent d'ouest extrêmement violent, le feu s'étendit en un moment dans toute la campagne, et obligea une partie de nos gens à décamper, et tous à prendre la résolution de ne plus camper dans un lieu plein de paille ainsi sèche. Le temps fut extrêmement froid le matin, et obligea Kiou kieou à se vêtir d'une double fourrure, ensuite il fut assez tempéré quand le soleil fut un peu haut ; il fut presque toujours serein, quelquefois un peu couvert, avec un très grand vent d'ouest. Le 26 nous ne fîmes que 38 lys au nord, et souvent au nord-ouest pour éviter ces collines de sable qui se trouvent en ce pays ; nous ne pûmes faire que cette petite journée pour attendre les chariots de l'équipage, dont la plupart étaient demeurés derrière, parce qu'ils ne pouvaient avancer dans les sables ; nous campâmes dans une grande plaine toute environnée