Le 10 nous continuâmes notre route dans un chemin différent de celui par lequel nous étions venus, pour éviter les boues et les fondrières, dont les bois sont remplis ; nous fîmes un grand tour, prenant d'abord presqu'à l'ouest, puis suivant le cours de la rivière Saghalien oula et marchant au-dessus des montagnes qui en sont voisines, nous continuâmes la même route le 11 jusqu'à ce que nous eûmes traversé la rivière d'Ouentou, que nous trouvâmes beaucoup plus basse que lorsque nous l'avions passée la première fois ; il ne laissa pas de se noyer trois ou quatre personnes au passage qui tombèrent de cheval, et qui furent entraînés par le courant de l'eau, qui est extrêmement rapide. Cette rivière d'Ouentou se va décharger dans le fleuve Saghalien oula, à trois ou quatre lys du lieu où nous la passâmes. Le temps fut extrêmement froid le 10 au matin, et il gela à glace ; le 11, le temps fut froid seulement le matin, et ensuite tempéré. Le 12 le temps fut serein avec un grand vent de midi, qui amena des nuées sur le soir. Le 13 le temps fut couvert presque tout le jour, nous eûmes quelques gouttes de pluie, avec un vent de midi. Le 14 il fit un brouillard très épais qui dura jusqu'à midi, et qui rendit l'air froid et humide, ensuite il devint serein et chaud pendant le reste du jour. Nos chevaux et tout l'équipage fatigua extrêmement ce jour-là ; les chemins étaient très mauvais, pleins de boue et de fondrières, d'où les bêtes de charge avaient peine à se tirer ; nous repassâmes aisément la rivière de Portchi, parce qu'elle était beaucoup moins profonde, que lorsque nous la passâmes en venant. Le 15 le temps fut inconstant tout le jour, avec un grand vent de nord-ouest, et quelques gouttes de pluie. Le 16 le temps fut toujours serein, avec un grand vent de nord fort froid. Le 17 le temps fut serein tout le jour, le matin grand froid avec glace, ensuite quand le soleil fut un peu élevé sur l'horizon, le temps redevint tempéré. Le 18 le temps fut serein et tempéré, mais avec un grand vent de sud qui amassa des nuées, et fit tomber la nuit suivante quelques gouttes de pluie. Le 19 le temps fut couvert et tempéré tout le jour, presque calme vers le midi ; le vent de midi se changea en vent de nord, et se fortifia jusqu'au soir, de telle sorte qu'à l'entrée de la nuit il devint violent. Le 20 le temps fut serein tout le jour avec un grand vent, tantôt de nord-ouest, tantôt d'ouest. Le 21 nous passâmes la rivière de Kerlon, un peu plus bas que nous ne l'avions passée ; comme elle était grossie des pluies, le gué était assez difficile, et à peine les chevaux les plus hauts la purent-ils passer sans nager, de sorte qu'il fallut qu'une partie de notre monde la traversât sur des chameaux. Le temps fut assez serein tout le jour, mais il fit un grand vent d'ouest, qui se tourna sur le soir au nord-est.
