Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/267

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d'un doigt, que nous vîmes dans trois petits réservoirs d'eau qui se trouvent dans un vallon entre deux des plus basses montagnes, et dans des ruisseaux qui coulent le long du penchant de la montagne du côté du nord. La plupart des arbres de ces montagnes étaient morts et desséchés, tant les sapins que les autres sortes de bois, ce que les uns attribuent à la grande sécheresse qu'il a fait cette année dans tout le pays, d'autres au grand froid des années passées ; la montagne n'est point rude à monter du côté du nord par où nous la passâmes, mais elle l'est beaucoup du côté du sud par où nous la descendîmes ; l'empereur y a fait faire un grand chemin exprès pour les chaises roulantes des reines, qui l'y ont suivi quelquefois. Après avoir descendu cette montagne nous vînmes camper à sept ou huit lys du pied dans une gorge de montagnes proche d'un gros ruisseau, qui prend sa source au mont Petcha ; tout était plein là de faisans et de chevreuils. J'estime que la route peut avoir environ 50 lys au sud-ouest, rabattant le reste à cause des détours que nous fîmes dans les montagnes et dans les vallées ; le froid ne fut pas fort grand, et l'après-midi le temps fut fort tempéré au lieu où nous campâmes. Le 11 le temps fut serein, tempéré, et assez calme ; nous fîmes d'abord 60 lys suivant toujours la vallée où nous avions campé, et allant à peu près au sud-est. Cette vallée est toujours arrosée du même ruisseau qui le grossit de plusieurs autres ; les montagnes qui sont des deux côtés ne sont pas la plupart fort couvertes de bois ni extrêmement hautes, mais assez escarpées ; cette vallée était pleine de faisans, et les oiseaux de proie de Kiou kieou vinrent toujours leur donnant la chasse, et en prirent plusieurs ; il y avait aussi des lièvres en quelques endroits. Nous passâmes proche de plusieurs sources d'eau chaude, fort célèbres parmi les Tartares, qui y viennent prendre les bains, et en boire lorsqu'ils ont quelque maladie ; nous mîmes pied à terre, et j'examinai ces sources qui sont en grand nombre au milieu de la vallée ; elles forment un assez gros ruisseau, je mis la main dans plusieurs, mais je fus obligé de la retirer bien vite, étant impossible de l'y laisser plus d'un instant sans se brûler. Cette eau était extrêmement claire et nette, il y avait seulement quelques fosses creusées et couvertes de branches d'arbres pour y prendre les bains. Lorsque nous eûmes fait 60 lys dans cette vallée, nous tournâmes à l'ouest, entrant dans un autre détroit de montagnes qui croise le premier ; comme nous y entrions, on apporta a Kiou kieou la nouvelle de la mort de l'impératrice sa nièce ; elle était morte le 24 d'août d'une fausse couche. L'empereur qui fut fort touché de sa maladie la déclara impératrice le jour de sa mort. Il y avait longtemps qu'elle en avait tous les honneurs, mais sans avoir d'autre titre que celui de reine, que portent également les trois premières femmes de l'empereur. Sa Majesté aimait fort cette princesse, mais il n'avait pas voulu jusque-là la déclarer impératrice,