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TROISIÈME GOUVERNEMENT.


Le troisième gouvernement est celui de Tçitcicar ville nouvelle, bâtie par l’empereur, pour assurer ses frontières contre les Moscovites. Il est situé près le Nonni ou la rivière considérable qui se jette dans le Son ga ri. Elle est habitée par des Mantcheoux, Solons, et surtout par les anciens habitants du pays de Tçitcicar nommés Tagouri.

Cette nation assez peu nombreuse s’est soumise aux Mantcheoux dès le temps du père de l’empereur, dont elle implora la protection contre les Moscovites, qui, avec des barques armées passant du Saghalien ou la dans le Songari ou la, couraient toutes les rivières qui entrent dans l’un et dans l’autre, et se faisaient craindre de toutes les diverses nations tartares placées sur les bords.

Les Tagouris sont grands, robustes, accoutumés de tout temps à semer et à bâtir, quoiqu’ils fussent toujours entourés de Tartares qui ne s’appliquent point à l’agriculture, et qui n’ont point de maisons. La ville de Tçitcicar est entourée d’une palissade de gros pieux fort serrés et médiocrement hauts, mais assez bien terrassés en dedans.

Presque tous les soldats qui la gardent sont tartares, mais les marchands, les artisans, et les gens de service sont la plupart des Chinois, ou attirés par le commerce, ou exilés par la justice. Les maisons des uns et des autres sont hors du mur de bois qui ne renferme presque que les tribunaux et la maison du général tartare. Elles ne sont que de terre, rangées en rues, médiocrement larges, et toutes renfermées dans une seconde enceinte de terre.

Du général de Tçitcicar dépendent les nouvelles villes de Merguen hotun et de Saghalien ou la hotun. Merguen est à plus de 40 lieues de Tçitcicar : elle est beaucoup moins peuplée, et n’a qu’une enceinte. Le pays de l’une et de l’autre n’est que médiocrement bon, car la terre est sablonneuse : mais celui de Saghalien ou la hotun est fertile même en froment. C’est une plaine le long de ce beau fleuve, où l’on a bâti plusieurs villages. La ville est près du bord austral, bâtie comme Tçitcicar, autant habitée et plus abondante en denrées.

Sur le bord septentrional, mais à 15 lys chinois plus haut, sont les restes d’une ancienne ville, nommée Aykom, bâtie par les premiers empereurs de la famille dernière Tai ming. Car par une vicissitude surprenante des choses humaines les Tartares occidentaux ou Mongoux ta tse, non seulement furent chassés par les Chinois dont ils avaient été les maîtres tant d’années, mais en furent encore attaqués dans leur propre pays avec tant de vigueur, qu’après s’être retirés bien avant, ils furent obligés à leur tour de faire des lignes, dont nous avons vu encore quelques restes, et bientôt après ne pouvant plus soutenir des ennemis acharnés à leur perte, ils se virent contraints