Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/289

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Thomas lui avait enseignée, et sur la fin il fit faire encore un calcul de la mesure d'un monceau de grains, qu'il fit mesurer ensuite devant nous, pour voir si le calcul et la mesure prise sur le compas de proportion, donnaient en effet la même quantité qu'il s'en trouvait dans la mesure actuelle. Ce jour-là avant que nous parussions en sa présence, il demanda à Tchao laoyé si nous n'avions point eu de nouvelles de l'affaire de Chan tong, et Tchao laoyé lui répondit qu'il ne le croyait pas, parce que nous ne lui en avions point parlé. Peu de jours après nous sûmes que le vice-roi de la province avait fait relâcher tous les prisonniers chrétiens, et que le tchi hien n'avait pas fait fouetter comme on l'avait mandé, celui qui lui avait porté la lettre du père Pereira, mais qu'il l'avait seulement retenu environ quinze jours en prison, sous prétexte de s'informer si la lettre qu'il avait apportée n'était point supposée. Le 22 un domestique du vice-roi de la province de Chan tong vint trouver le père Pereira de la part de son maître, pour lui demander ce qu'il désirait qu'on fît pour accommoder cette affaire. Le 23 étant allés selon la coutume à la maison de plaisance de l'empereur, Sa Majesté sous prétexte de nous faire examiner un calcul qu'il avait fait, inséra dans le papier le mémorial secret que le vice-roi de Chan tong avait envoyé sur l'affaire des chrétiens. Il y avait ajouté la sentence, qui portait que l'accusateur serait puni comme calomniateur, ou comme un délateur malicieux. Comme nous vîmes qu'on ne punissait nullement le mandarin, nous témoignâmes que cela ne remédierait point au mal. Ensuite l'empereur nous ayant fait demander si nous étions contents, apparemment parce que nous n'avions pas eu d'empressement à le remercier de cette faveur, qu'il prétendait être fort grande, nous répondîmes hardiment que nous n'étions pas trop satisfaits, et que si Sa Majesté qui savait que l'établissement de notre religion était uniquement ce qui nous avait amené dans son empire, et ce qui nous retenait a sa cour, voulait bien faire quelque chose de plus, nous nous sentirions infiniment plus obligés à sa bonté, que de toutes les caresses des marques de bienveillance dont elle nous comblait chaque jour. Cette réponse ne lui fut pas agréable ; il nous fit dire qu'il croyait en avoir assez fait pour notre honneur, auquel il ne voulait pas qu'on donnât la moindre atteinte ; qu'il favorisait nos compagnons qui sont dans les provinces pour l'amour de nous, et des services que nous lui rendions ; mais qu'il ne prétendait point défendre et appuyer les chrétiens chinois, qui se prévalaient de notre crédit, et qui croyaient être en droit de faire tout ce qu'il leur plaisait. Le 26 jour de la naissance de l'empereur, nous allâmes tous ensemble rendre nos respects à Sa Majesté, qui par une faveur particulière les reçut en sa présence ; il nous fit encore quelques questions de géométrie, et nous ordonna de revenir le lendemain faire notre explication ordinaire, après quoi il nous fit donner du thé tel qu'il le boit. Le troisième