Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/300

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de cet empire, de la victoire qu'on avait remportée sur lui, et de sa prompte retraite, après avoir promis avec serment de ne plus faire d'actes d'hostilité ; la lettre ajoutait que comme on avait cependant ouï dire ici que le roi d'Eluth avait envoyé demander du secours aux Moscovites, on se croyait obligé de les avertir de ne se pas laisser surprendre aux artifices de ce prince, pour n'être pas enveloppés dans sa ruine. On me mit une copie de cette lettre en tartare entre les mains, et l'ayant traduite en latin dans notre maison, je la portai le lendemain aux colao. Le 25 l'empereur nous donna à chacun un habit complet, composé 1° d'une veste longue de satin violet doublée de peaux d'agneau, avec un tour de col et des parements de manches de zibelines. 2° D'une veste de dessus toute de zibelines, doublée de satin noir. Il y avait plus de cinquante peaux de zibelines à chacune de ces deux dernières vestes, qui pouvaient valoir deux cents écus, en comptant que chaque peau valait quatre écus, qui est à peu près le prix que les médiocres zibelines se vendent à Peking. 3° Un bonnet aussi de zibelines teintes en noir. Nous remerciâmes Sa Majesté avec les cérémonies accoutumées. Le 28 Sa Majesté partit pour aller à sa maison de plaisance appelée Hai tseë, il y a beaucoup de daims, de cerfs, et d'autres bêtes fauves. Le treizième de décembre Sa Majesté retourna à la ville, et recommença dès ce jour-là les explications de géométrie avec nous ; il nous fit asseoir à ses côtés sur la même estrade où il était assis, comme il avait commencé de faire depuis plus de six semaines. Le 21 l'empereur nous fit dire qu'ayant dessein d'envoyer quelqu'un à Canton pour y acheter quelques instruments de mathématiques et d'autres curiosités d'Europe, il désirait que nous y envoyassions aussi quelques-uns de nos domestiques ; ou que si nous jugions plus à propos que quelqu'un de nous y allât en personne, nous délibérassions entre nous sur celui qu'il serait à propos d'y envoyer. Le 22 nous répondîmes à Sa Majesté que nous étions prêts d'aller partout où il s'agirait de son service, et que nous le suppliions de choisir lui-même celui qu'elle jugerait le plus propre à faire le voyage. Sur cela l'empereur nomma le père Suarez, ajoutant qu'il ne pouvait éloigner le père Thomas, et le père Bouvet, ni moi, parce que nous étions actuellement occupés près de sa personne. Il ordonna donc que ce Père, accompagné d'un petit mandarin de sa maison, fit le voyage avec les gens, et aux dépens du fils de son oncle maternel, qui ayant succédé à la charge de chef des étendards de l'empire qu'avait son père, envoyait chercher sa femme et le reste de sa maison qu'il avait laissée à Canton où il faisait la fonction de lieutenant-général des armées de l'empereur. Le petit mandarin fut chargé d'acheter sous la direction du père Suarez, les instruments et diverses curiosités d'Europe, et cela dans un grand secret, l'empereur ne voulant point faire d'éclat pour un achat si peu considérable ; de plus, il fit dire au père Suarez que comme Sa Majesté attendait