Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/304

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demi, mais elle était presque toute plate et peu unie d'un côté où elle avait une grande veine, outre que son eau était bien plus mate ; nous en vîmes encore une cinquantaine d'autres moins grosses, toutes d'une eau fort mate, en tirant sur la couleur d'étain poli. Il y en avait d'autres parfaitement rondes de trois ou quatre lignes de diamètre ; elles venaient de la Tartarie orientale, où on les pêche dans des rivières qui sont au sud du fleuve Saghalien oula et qui se jettent dans la mer Orientale au nord du Japon. Les Tartares ne savent pas les pêcher dans la mer, où il est vraisemblable qu'il y en a de plus grosses que dans ces rivières. Après avoir vu ces perles nous fûmes appelés le père Thomas et moi pour faire l'explication de géométrie. Sa Majesté nous demanda d'abord si nous avions vu quelque part de plus grosses perles ; je lui parlai de celle dont Tavernier donne la figure dans sa relation de Perse, et qu'il dit avoir coûté au roi de Perse un million quatre cent mille livres ; l'empereur parut étonné que les perles fussent estimées si chères en ce pays-là. Ensuite il nous parla d'un jeune Javan, que l'ambassadeur de Hollande qui vint ici il y a quatre ou cinq ans, donna au père Grimaldi, qui le lui demanda ; l'empereur avait paru souhaiter qu'il restât à Peking, parce qu'il jouait parfaitement bien de la harpe, et qu'il avait l'oreille si bonne, que dès qu'il avait entendu un air sur quelqu'autre instrument, il le jouait aussitôt sur sa harpe. Il y a deux ans que l'empereur l'avait mis parmi ses musiciens, pour apprendre les chansons chinoises et tartares, et pour enseigner de jeunes eunuques à jouer de la harpe ; comme cet enfant était d'un bon naturel, et d'ailleurs habile, il s'était fait aimer de tous ceux qui ont soin de la musique impériale, et ils en avaient dit beaucoup de bien à l'empereur, qui d'ailleurs faisait grand cas de son habileté à toucher de la harpe ; il l'avait cependant laissé chez nous sans lui rien donner jusqu'à présent ; mais étant tombé malade depuis près de quatre mois, Sa Majesté a envoyé tous ses médecins le visiter ; cependant les remèdes qu'ils lui ont donné, ne l'ont pas empêché de devenir hydropique. Comme il était désespéré des médecins, Sa Majesté nous témoigna le regret qu'elle avait de le perdre. A l'occasion du malade, il nous demanda si nous avions le pouls semblable au leur, et si on le touchait en Europe comme à la Chine ; pour s'en mieux assurer, il voulut lui-même me tâter le pouls aux deux bras. et il me donna ensuite le sien à tâter ; après quoi nous fîmes notre explication de géométrie ; quand elle fut achevée, j'ouvris une carte de l'Asie, où je lui fis voir que la Tartarie y était inconnue et mal marquée ; je lui montrai les chemins que tenaient les Moscovites pour venir ici, et à ce sujet je lui dis, que depuis peu quatre de nos Pères étaient venus à Moscou, dans le dessein de venir par terre à Peking mais que les Moscovites leur avaient refusé le passage, peut-être parce qu'alors ils étaient encore en guerre avec cet Empire, ce qui les avait obligé de prendre une autre route. Sa Majesté nous dit, que sans doute à présent que la paix était faite, ils les laisseraient passer ; je lui ajoutai que notre Père général nous avait écrit, qu'il désirait fort