Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/321

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gibier, quoiqu'on y eût enfermé une très grande quantité de cerfs, qui s'échappèrent presque tous à travers ces broussailles ; il y avait aussi un tigre, dont j'entendis les hurlements d'assez près, mais on ne put découvrir où il était. Comme le terrain était fort incommode, l'empereur ne voulut pas s'y arrêter. Quand nous arrivâmes au camp, les tentes n'étaient pas encore tendues, c'est pourquoi l'empereur se divertit à tirer du fusil au blanc ; et comme j'étais proche de lui, il me fit quelques questions sur les fusils d'Europe ; nous fîmes ce jour-là 40 lys, et nous campâmes dans un lieu nommé Halatsin. Le 22 nous séjournâmes. L'empereur alla à la chasse qui fut ce jour-là bien plus grande que les précédents ; car Sa Majesté avait fait venir un grand nombre de Mongous des lieux voisins, lesquels étant accoutumés à cette sorte de chasse, savent très bien enfermer le gibier, et le détourner en quelque endroit qu'on le leur ordonne. Il y avait plus de deux mille chasseurs, sans compter la suite ; ces chasseurs étaient rangés sous divers étendards, deux bleus, un rouge, un blanc, et un jaune ; les deux bleus marchaient à la tête, l'un à droite, l'autre à gauche, et dirigeaient l'enceinte ; le rouge et le blanc marchaient sur les deux ailes dans un intervalle égal du commencement et du milieu, et le jaune marchait justement au milieu. Cette enceinte enfermait des montagnes et des vallées pleines de grands bois que l'on traversait, et que l'on battait de telle sorte, que rien ne pouvait échapper sans être vu et poursuivi. Lorsque les deux étendards qui marchent à la tête sont arrivés, en s'éloignant toujours l'un de l'autre jusqu'au lieu qui leur a été marqué, ils commencent à se rapprocher, et marchent toujours jusqu'à ce qu'ils se touchent l'un l'autre ; alors l'enceinte est fermée de toutes parts, et ceux qui ont marché devant s'arrêtent, tournant visage à ceux qui sont derrière, lesquels s'avancent toujours peu à peu, jusqu'à ce que tous les chasseurs soient à la vue les uns des autres, et tellement serrés, que rien de ce qui est dans l'enceinte n'en puisse sortir. Au commencement l'empereur était seul vers le milieu de l'enceinte, avec quelques-uns de ses plus proches officiers, dont les uns ne faisaient autre chose que de détourner le gibier pour le faire passer devant lui, afin qu'il le tirât, les autres lui donnaient incessamment des flèches pour tirer, et les autres les ramassaient ; sur les deux ailes au-dedans de l'enceinte étaient les deux fils de l'empereur, assistés chacun de trois ou quatre de leurs officiers ; il n'était permis à nul autre d'entrer dans l'enceinte, s'il n'était expressément appelé par l'empereur ; personne aussi n'osait tirer sur les bêtes, tandis qu'elles étaient dans l'enceinte, à moins que Sa Majesté ne l'ordonnât, ce qu'il faisait ordinairement, après avoir blessé la bête ; mais lorsque quelques bêtes s'étaient échappées de l'enceinte, alors les Grands et les autres officiers de la cour qui marchaient immédiatement après ceux qui formaient l'enceinte, avaient la permission de les poursuivre et de tirer sur elles. Je vis tirer ce jour-là à l'empereur un très grand nombre de chevreuils et de cerfs, qui allaient