Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/353

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pour avoir soin d'eux ; enfin l'empereur nous parla encore ce jour-là avec plus de familiarité qu'à l'ordinaire. Le 18 nous allâmes, selon la coutume, à la maison de plaisance de l'empereur pour y faire nos explications accoutumées. Avant que d'entrer à l'audience, il me fit dire que les chaleurs n'étant plus si grandes, il avait résolu de se remettre à l'étude, et pour cela il voulait que dès le lendemain je demeurasse dans un appartement de sa maison pendant le jour, et que la nuit j'irais coucher chez un des lieutenants du gouverneur de Tchang tchun yuen. Il se trouva que c'était celui-là même qui était gouverneur à Ning po, lorsque nous y abordâmes ; il s'appelait Ly laoyé, fils de celui qui était alors vice-roi de Canton lorsque nous entrâmes à la Chine. Sa Majesté nomma de plus un eunuque du palais pour me servir, et m'accompagner en entrant et en sortant, afin que je le pusse faire librement, et à toute heure. Il en choisit un qu'il savait être chrétien, et il ordonna qu'on me soumît toutes les choses qui me seraient nécessaires, et que je demanderais. En donnant ces ordres, il dit cent choses obligeantes de moi, et se loua surtout de l'attachement que j'avais fait paraître à son service, en l'accompagnant dans le voyage du mois de mai précédent. Le 19 je me rendis, selon l'ordre de l'empereur, à Tchang tchin yuen, où l'eunuque qui avait été nommé pour me servir, m'attendait ; il me conduisit dans un appartement commode, qui est au nord-est du parc. Sa Majesté envoya un des eunuques de sa chambre pour m'y recevoir et m'y placer, et il ordonna qu'on y tînt toute la journée du thé tout prêt et de la glace, afin que je pusse boire chaud ou froid comme il me plairait. Dès le soir il m'envoya des plats de sa table, et me fit appeler ensuite pour achever de revoir la géométrie pratique, que nous lui avions expliquée, et composée en tartare. Le 21 Sa Majesté m'appela le matin et me retint auprès de lui plus de deux heures et demie, tant à faire des calculs et à revoir de la géométrie, qu'à éprouver l'anneau astronomique, que nous lui avions présenté quelques jours auparavant ; quoiqu'il suât à grosses gouttes, il ne cessa point d'en éprouver tous les usages, et il loua beaucoup la justesse de cet instrument, qu'il a placé dans sa chambre, aussi bien que le demi-cercle, que nous lui offrîmes en même temps. Le 22 l'empereur nous apprit lui-même, qu'il était arrivé un envoyé moscovite sur les frontières de la Tartarie sujette à cet empire, qu'il avait une suite de quarante personnes, et qu'environ quatre-vingt-dix marchands moscovites venaient en sa compagnie pour faire leur commerce ordinaire ; il ajouta, qu'il avait envoyé recevoir cet ambassadeur, et qu'il avait ordonné qu'on lui fournît toutes les choses nécessaires, comme voitures, vivres, etc. et qu'on le défrayât partout, avec les quarante personnes de sa suite ; que pour les marchands on les aidât autant qu'il se pourrait, mais sans les défrayer, ne voulant point s'engager à une pareille dépense pour les marchands moscovites, qui viendraient trafiquer en ce pays. Il s'entretint ensuite fort longtemps avec nous de choses indifférentes ; il nous demanda combien il y avait de nos Pères à la Chine, et en quel lieu