Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/357

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rivière qui arrose cette plaine, et fit préparer là le souper (car c’est la coutume des Tartares de souper de bonne heure) ; il se mit lui-même à couper et à préparer le foie du cerf qu'il avait tué. C'est le morceau qu'on regarde ici comme le plus délicat avec la croupe. Il était environné de trois de ses enfants, qui avaient amené la troupe de chasseurs, et deux de ses gendres, auxquels il prenait plaisir d'enseigner la manière de couper, de préparer, et de rôtir les foies de cerfs, selon la coutume des anciens Tartares, que ce prince infiniment politique, conserve le plus qu'il peut, pour tenir ses gens en haleine. Après avoir coupé et préparé ces morceaux de foie pour être rôtis, il en fit la distribution à ses enfants, à ses gendres, et à quelques-uns de ses plus proches officiers ; il me fit aussi l'honneur de m'en donner de sa propre main ; chacun se mit à faire rôtir son morceau de viande, à l'exemple de l'empereur et des princes ses enfants, de la manière que je l'ai marqué dans mon journal de l'année précédente ; on soupa, et ensuite nous allâmes doucement au camp, en chassant aux faisans et aux cailles ; on en prit en quantité, et on tua plusieurs chevreuils qui se trouvèrent dans la vallée, j'en vis tuer un par Sa Majesté, qu'il renversa d'un seul coup de flèche. Le 17 le temps fut pluvieux, ce qui empêcha l'empereur d'aller à la chasse du cerf. Il se contenta de parcourir avec ses chasseurs une vallée de près d'une lieue de longueur, pleine de faisans, de perdrix et de cailles ; il fit ranger ses chasseurs sur une ligne qui occupait la largeur de la vallée. Leur soin était de faire lever tout le gibier. L'empereur marchait au milieu, tantôt jetant l'oiseau sur les cailles, sur les perdrix, et sur les faisans, et tantôt les tirant à coups de flèche. Quelquefois il faisait mettre pied à terre à ceux qui étaient autour de lui, pour prendre les faisans et les perdrix, lorsqu'étant lasses de voler, elles ne faisaient plus que courir dans les herbes. Au retour il distribua de sa main la plus grande partie du gibier aux princes mongous et kalkas qui étaient venus le saluer, aux grands de sa cour, et aux principaux officiers ; il me fit pareillement l'honneur de m'en donner en présence de tout le monde. Le mauvais temps obligea Sa Majesté de revenir de bonne heure, et de passer le reste de la journée dans son camp. Le soir un courrier venu de Peking, apporta des lettres écrites en Tartare, de la part du mandarin envoyé à Canton, qui portaient que le père Grimaldi n'arriverait pas encore cette année, parce que n'ayant pu revenir par terre, il avait été obligé de retourner de Moscovie en Europe, pour y reprendre le chemin de la mer. Le soir l'empereur donna à sa cour le divertissement de la lutte. Le 18 le temps ayant encore été couvert presque tout le jour, l'empereur ne chassa pas à l'appeau du cerf, mais il fit faire des enceintes, et on y tua grand nombre de cerfs et de chevreuils ; il chassa aussi dans les vallées aux faisans, aux perdrix, et aux cailles. Sa Majesté mangea selon sa coutume en pleine campagne, coupant et rôtissant lui-même de la viande ; tous les chasseurs