Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/378

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Cet étang n'était éloigné de notre camp que de quelques lys ; on nous dit qu'il avait cinq ou six lys de circuit. Le temps fut fort beau et fort serein tout le jour ; l'empereur renvoya tous les lamas qu'il avait amenés de Peking, et qui avaient promis de cesser la pluie et de ramener le beau temps ; le contraire était arrivé. Le 15 après avoir fait leurs prières, ils avaient fait tirer huit ou dix coups de canon, prétendant que ce bruit dissiperait les nuages, et le 16 il fit le plus mauvais temps que j'aie vu dans tous mes voyages de Tartarie ; on nous dit, que quand on leur avait demandé, pourquoi il pleuvait de la sorte dans une saison où le temps a accoutumé d'être fort sec, ils répondirent que les esprits qui président aux fontaines, aux rivières, et aux eaux du pays, venaient au-devant de l'empereur. Le 19 nous séjournâmes pour attendre les charrettes de l'équipage qui n'avaient pu suivre. L'empereur avait laissé son fils aîné et le grand-maître de sa maison dans le camp, pour veiller au convoi de ses charrettes, qui portent les vivres et une grande partie du bagage. Quoique ce fût le jour de la naissance de l'empereur, on ne fit aucune cérémonie, car c'était l'ordre de Sa Majesté ; il nous fut seulement permis d'aller tous trois ensemble demander des nouvelles de sa santé. Le temps fut fort couvert le matin, et le vent s'étant remis la nuit précédente au sud-est, avait rempli l'air de nuages fort épais, ce qui fit craindre que le mauvais temps et la pluie ne recommençassent ; mais le vent s'étant tourné au sud, vers le lever du soleil, et ensuite peu à peu au sud-ouest, et après, tout à fait à l'ouest, les nuages se dissipèrent, et le temps redevint serein, et le fut tout le reste du jour, mais avec un fort grand vent, depuis le sud-est jusqu'au nord-ouest ; sur le soir le vent s'abattit, et la nuit fut calme. Le 20 nous séjournâmes encore, pour donner le loisir aux chevaux et aux bêtes de charge de se reposer, afin d'être plus en état de passer les sables, qui commencent immédiatement au nord du lieu où nous étions campés ; et afin de soulager les chevaux, l'empereur fit publier un ordre, que tous les valets de sa suite iraient à pied durant les quatre jours qu'on devait employer à passer ces sables, moyennant quoi il les dispensait de l'ordre qu'il avait porté, qu'on ne mangerait qu'une fois le jour. Ce jour-là l'empereur alla chasser dans les sables voisins qui sont pleins de lièvres ; mais il voulut que cette chasse se fît à pied ; elle ne dura que jusqu'à midi, parce que l'on ne trouva pas tant de lièvres qu'on se l'était imaginé ; apparemment que le bruit des chevaux qui étaient de tous côtés aux pâturages, les avait écartés ; on ne laissa pas d'en tuer une centaine. Le temps fut serein tout le jour, et l'après-midi jusqu'au soir il fit un assez grand vent de sud et de sud-ouest. Le 21 nous fîmes 40 lys, presque toujours au nord, et la plupart entre de petites hauteurs de sable, pleines de broussailles, et d'une espèce de buissons de saules qui croissent en touffe dans ces sables ; le chemin était assez tolérable, de sorte que non seulement les chameaux et les autres bêtes de charge arrivèrent de bonne heure, mais même les charrettes se rendirent