Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/389

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la nôtre ; que pendant ce temps-là les vivres arriveraient, que les chevaux se rétabliraient de leurs fatigues, et qu'on assurerait le succès du combat, en cas que les ennemis osassent l'accepter ; qu'au reste, si les ennemis songeaient à prendre le parti de la retraite, ils pouvaient le faire dès à présent, et que nos troupes seraient bien moins en état de les poursuivre après une marche précipitée, qui achèverait de ruiner les chevaux et l'équipage. L'empereur après avoir lu les mémoriaux que chacun de ces trois partis donna, voulut encore leur parler à tous ensemble, et entendre les raisons de part et d'autre ; il dit ensuite, que comme cette affaire était de la dernière conséquence, il ne voulait la décider qu'après avoir proposé ces trois différents sentiments aux princes et aux grands qui sont à l'arrière-garde et l'avant-garde ; il leur dépêcha sur-le-champ deux officiers intelligents, pour faire le rapport des différents avis, afin d'avoir aussi le leur. Le 23 nous séjournâmes encore, en attendant le retour des courriers qu'on avait envoyés aux princes et aux grands de l'avant-garde et de l'arrière-garde ; ils rapportèrent, que la plupart étaient d'avis qu'on attendît les autres armées en quelque lieu, ou du moins qu'on s'avançât lentement et à petites journées, et il n'y en eut que fort peu qui opinassent à s'avancer en diligence pour combattre ; l'empereur remit cependant au lendemain à déterminer l'affaire. Le temps fut serein et fort chaud tout le jour, et presque sans vent. Le 24 nous fîmes cent lys, au nord-ouest la plupart, et toujours dans un pays fort découvert, comme les jours précédents, mais un peu moins égal ; il y avait plus de petites hauteurs et de vallées ; le chemin était fort beau et fort aisé, parce que le terrain était de sable, mêlé de terre, et couvert presque partout d'assez bons pâturages. Nous ne trouvâmes de l'eau que dans quelques puits qu'on avait faits, environ à cinquante lys du lieu d'où nous étions partis ; encore y en avait-il peu, et elle ne paraissait pas fort bonne ; nous vînmes camper au nord d'une grande plaine, et au sud de quelques petites collines, en un lieu nommé Tchaban poulac, où il y avait trois sources d'eau, proche desquelles on avait fait plusieurs puits, et un plus grand, de forme carrée, pour abreuver les animaux. Il y avait encore une autre fontaine à sept ou huit lys du camp, beaucoup plus abondante.

Le temps fut serein tout le jour, mais il fit un grand vent d'ouest, vers le soir, qui tempéra la chaleur. Ce jour-là, deux officiers des gardes de l'empereur, qui étaient allés à la découverte, rapportèrent qu'ils avaient vu de dessus une montagne, distante de ce lieu d'environ cent-quatre-vingt lys, trois hommes à cheval, qui paraissaient être des sentinelles avancées des ennemis, et que bien loin au-delà ils avaient vu beaucoup de poussière, et un amas de vapeurs qui paraissait de la fumée, et qu'ils croyaient que c'était l'avant-garde, ou au moins une partie de l'armée ennemie. Le 25 nous séjournâmes, pour délasser l'équipage, et l'empereur détermina qu'on attendrait que les deux autres armées, qui venaient du côté du couchant, se fussent