Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/396

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prendre, et qu'ils feraient savoir à l'empereur leur résolution par l'autre envoyé, qu'ils retiendraient à ce dessein. Cependant un escadron de soldats Eluths, qui escortèrent notre envoyé jusqu'à quinze lys du camp, ayant découvert de dessus une hauteur l'armée de l'empereur, abandonnèrent aussitôt l'envoyé, et retournèrent au galop vers leurs gens. Le 7 nous fîmes environ 60 lys, partie au nord, et partie à l'ouest ; nous campâmes sur les bords de la rivière de Kerlon ; nous passâmes d'abord deux collines, et de dessus la plus haute, l'empereur découvrit avec des lunettes d'approche deux troupes des ennemis qui étaient sur des hauteurs opposées et éloignées de là, de trente ou quarante lys ; nous fîmes les quarante derniers lys dans une grande plaine, qui s'étend jusqu'à une demie-lieue au-delà du Kerlon. Le fourrage de toute cette plaine n'était pas fort bon, excepté depuis les bords de la rivière jusqu'au pied des montagnes qui sont au-delà, où il était excellent et en abondance ; le lieu où nous campâmes, s'appelle Erdenitolobac kerlon poulong. La rivière de Kerlon, qui prend sa source au nord d'une montagne, nommée Kentey, environ à soixante ou soixante-dix lieues à l'ouest-nord-ouest de l'endroit où nous campâmes, n’est pas fort considérable. Son fond est de sable, elle n'a environ que dix toises de largeur dans son cours ordinaire, elle est guéable partout ; car il n'y a qu'environ trois pieds d'eau dans les endroits les plus profonds, du moins à l'endroit où nous étions campés ; elle coule à l'est-nord-est, et à l'est jusque dans son lac, que les Tartares appellent Coulon, et les Moscovites Dalai, qui est à quatre-vingt-dix lieues environ du lieu où nous campâmes, elle a d'excellents fourrages sur ses bords, et en abondance, particulièrement sur les bords qui sont au nord, ce qui fait que ses environs sont très propres à nourrir et à engraisser toutes sortes de bestiaux. Les Kalkas sujets de Tche tchi han, en étaient entièrement les maîtres avant la guerre qui a été entre leur nation et celle des Eluths ; depuis cette guerre ils ont été contraints de se retirer bien loin du côté de l'orient, pour être plus éloignés des Eluths, qui leur enlevaient leurs bestiaux et les harcelaient continuellement. Cette rivière est fort poissonneuse ; l'empereur et plusieurs grands seigneurs qui avaient apporté des filets, pêchèrent quantité de poissons, et de plusieurs sortes ; nous vîmes de fort belles carpes, des brochets de médiocre grandeur, et beaucoup d'autres sortes de poissons. Ce jour-là, de même que le précédent, toute l'armée marcha en bataille ; elle était divisée en plusieurs escadrons, chacun avec ses étendards, qui brillaient de dragons d'or et d'autres ornements. Chaque escadron était commandé par quelques grands seigneurs. Les gendarmes de l'avant-garde marchaient sur la première ligne en un gros escadron, et en avaient plusieurs petits sur les ailes. L'artillerie et les cavaliers mousquetaires marchaient à la seconde ligne ; à la troisième était l'infanterie chinoise, ayant à ses côtés deux ou trois mille chevaux mongous, et plusieurs gros escadrons de gendarmes, armés de mousquets et de flèches ; enfin sur les ailes marchait l'arrière-garde, toute composée de