Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/41

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troupeaux de ceux dont ils prennent la place, et dont ordinairement ils ont été les disciples ou les compagnons. Ils prient cependant en commun. Leur religion est la dominante, à la réserve du seul pays de Hami qui n’est pas infecté de leur idolâtrie. Heureux, s'il n'avait pas donné dans les erreurs de l'Alcoran : mais Hami est un si petit pays, que les lamas ont raison de se glorifier d'être les docteurs de la Tartarie, et de faire sonner bien haut leur pouvoir, qui en effet est assez grand pour mériter d'être ménagé par l'empereur même. Le pays de Hami, et dans nos cartes, royaume de Hami, n'a que la ville de ce nom, petite, mais pleine de maisons, et un petit nombre de villages marqués sur la carte. Quoiqu'il soit à quatre-vingt-dix lieues de la porte de la grande muraille nommée Kia yu keou, et que le terrain n'y manque pas, il n'en a pas plus d'étendue, parce que tout cet espace n’est qu'un terrain sec et sablonneux, le plus stérile qui soit dans toute la Tartarie. C’est ce que les Chinois appellent ordinairement Chamo, quelquefois Kan hai, comme qui dirait mer de sable. Les Tartares le nomment Cobi. Il est toujours sans herbe et sans eau : il est très incommode aux voyageurs, et dangereux pour les chevaux, dont on perd presque toujours quelques-uns en passant ce désert : aussi les Tartares de ces quartiers se servent beaucoup plus de chameaux, parce que ces animaux peuvent se passer de boire cinq a six jours, et vivent de peu. Sans cela il leur serait difficile de voyager vers l'ouest. Ce Cobi n’est pas renfermé tout entier dans cet intervalle de 90 lieues, il a diverses branches, qui comme autant de mauvaises veines répandues çà et là, partagent toutes ces terres en morceaux, les uns tout à fait secs et absolument inhabitables, les autres assez fertiles et suffisants à l'entretien de quelques Tartares. Le pays de Hami ne produit presque que des melons, mais d'un goût exquis, et ce qu'ils ont par-dessus les nôtres, c’est qu'ils conservent leur bonté, quand la saison en est passée : on en sert à l'empereur tout l'hiver. Les peuples de Hami sont grands, robustes, bien vêtus, et logés proprement : ils se sont soumis à l'empereur régnant, ne pouvant souffrir le joug des Tartares Eluths qui sont à leur ouest, et qui prétendent avoir toujours été leurs maîtres : c’est ce qui donna occasion à la guerre, dont nous avons parlé, qui finit en 1690 par la défaite du Caldan prince des Eluths, et qui a recommencé ces dernières années avec le Sevang raptan (c'est ainsi qu'on le nomme à Peking), qui est de la même famille, et que presque tous les Eluths reconnaissent pour le maître de la nation, par le droit que lui donne sa naissance ; car il prétend n'être éloigné que de neuf générations du grand Tamerlan, qui porta ses armes vers l'occident, et descendre, si l'on veut remonter plus haut, des princes qui s'étant avancés vers l'orient, ont conquis la Chine sur la fin du treizième siècle, et y ont régné sous le nom de Yuen tchao. Mais quel qu'il soit par rapport à ses ancêtres, ce prince nommé par les siens Tcha