Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/415

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la bonté de se détourner pour passer auprès des tentes de ces Mongous, à chaque fois qu'il s'en rencontrait. Ces pauvres gens étaient rangés devant leurs tentes avec leurs femmes et leurs enfants ; les uns offrant du lait, les autres du beurre et de la crème ; les plus aisés avaient préparé quelques moutons à leur manière, et quelques-uns même des chevaux pour présenter à Sa Majesté, qui leur fit donner des récompenses. Il ne se trouva pas tant de lièvres qu'à la dernière chasse. Le temps fut serein et tempéré tout le jour, avec un petit vent de nord-ouest, qui donna un peu de froid le matin ; nous campâmes dans une vallée assez large où il y a un gros ruisseau qui serpente. Cette plaine était occupée par plusieurs camps de Mongous, qui vinrent saluer l'empereur, et lui faire leurs petits présents ; ce lieu s'appelle Tchnoha, ou Chnoho. Le 30 nous fîmes 45 lys à l'ouest-sud-ouest ; l'équipage marcha toujours dans un terrain égal ; mais l'empereur fit une bonne partie du chemin en chassant dans des montagnes fort rudes et pleines de pierres qui sortent de terre, il ne se trouva que quelques renards, quelques faisans, et peu de lièvres. Il y en avait davantage dans le plat pays. Nous campâmes dans une petite plaine proche d'une grande mare d'eau ; ce lieu s'appelle Hoay nor, c'est-à-dire, les deux étangs, parce qu'en effet il y en a là deux grands fort proches l'un de l'autre. Le temps fut couvert tout le matin, et il faisait même un vent de sud-est, qui faisait craindre que le temps ne se mît à la neige ; mais vers le midi il vint un vent de sud-ouest, qui se tourna peu à peu en ouest, et qui dissipa les nuages ; en sorte que le reste du jour fut serein et assez tempéré. Il vint encore plusieurs Mongous, hommes et femmes, à la rencontre de l'empereur, surtout lorsque nous fûmes proche du camp, parce que près de là il y avait plusieurs petites hordes. Le 31 nous fîmes 50 lys à l'ouest, prenant quelquefois un peu du nord. Les quinze ou vingt premiers lys l'empereur avec sa suite marcha encore dans des montagnes semblables à celles du jour précédent, et toujours en chassant. Je ne vis que deux renards, quelques lièvres et peu de faisans ; mais après avoir passé ces montagnes, nous entrâmes dans une grande plaine fort unie, pleine de bons fourrages et de lièvres ; l'empereur en tua un grand nombre ; il eut surtout bien du plaisir, et fut fort applaudi d'avoir tué à coups de flèche cinq ou six cailles de suite, sans en manquer aucune ; je lui en vis tuer cinq tout proche de moi, deux en volant, et trois posées à terre ; ces cailles se trouvèrent dans les endroits où la terre avait été labourée cette année ; car il y en a plusieurs morceaux qu'on laboure dans cette plaine, au milieu de laquelle il y a une pagode, dont j'ai parlé dans le journal de mon premier voyage. L'empereur y mit pied à terre, et s'y arrêta quelque temps ; Sa Majesté vit encore des haras de chevaux, et des troupeaux de moutons, qu'on avait assemblés exprès sur sa route. Il y eut ce jour-là un très grand nombre de Mongous, qui le saluèrent, et qui lui firent leurs présents ordinaires sur la route ; il y en eut aussi quelques-uns qui lui présentèrent des requêtes, et il eut toujours la complaisance