Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/421

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nous entrâmes dans une grande plaine, où il y a beaucoup de terres labourées, et nous vînmes camper sur les bords de la rivière de Hoang ho, qui coule au sud et au sud-ouest : elle a bien cent-vingt toises de largeur, et roule ses eaux avec beaucoup de rapidité. On avait amené là une vingtaine de barques pour servir au passage de la rivière, en cas que Sa Majesté la voulut traverser. L'empereur alla voir la rivière, tira des flèches, et en fit tirer par ses gens ; elles passèrent presque toutes à l'autre bord. Il est vrai que c'étaient des flèches fort déliées, et faites exprès pour tirer loin. Le temps fut plus froid qu'à l'ordinaire ; il fit un grand vent de nord-ouest la nuit précédente, qui dura aussi tout le jour, mais moins violent ; l'air n'était pas aussi trop pur. Le 23 nous séjournâmes. L'empereur mesura la largeur de la rivière avec son demi-cercle, et il trouva qu'elle avait cent huit pas chinois dans l'endroit le plus étroit. Le temps fut couvert tout le jour, et plus froid que les jours précédents. Le 24 nous séjournâmes. Le temps fut serein tout le jour, mais bien plus froid que les jours précédents, parce qu'il fit un grand vent de nord-ouest. Le 25 et le premier de l'onzième lune, le vent fut moins fort. Le 26 l'empereur alla chasser au lièvre à quinze lys du camp, et en prit plusieurs ; on fit les enceintes à pied. Le temps fut doux et serein. Le 27 nous séjournâmes ; mais l'empereur suivi d'environ cent-cinquante de ses gens passa le Hoang ho en barque, et alla chasser de l'autre côté. Il se servit des chevaux des Mongous qui l'y attendaient. Le régulo, chef des Tartares d'Ortous, avec les autres princes et taikis, le reçurent sur le bord de la rivière, et lui firent leurs présents. Ce qui agréa le plus à l'empereur, furent quelques chevaux fort exercés à chasser le lièvre ; comme il y en a une grande quantité dans le pays, on y chasse souvent. Sa Majesté eut ce jour-là le plaisir d'en tuer cinquante ou soixante, et prit plusieurs faisans avec les oiseaux. Au retour il passa proche la tente du régulo d'Ortous où on lui servit et à tous ceux de sa suite, quantité de viandes et des fruits secs qu'il avait apportés. Il était venu de trente ou quarante lieues pour recevoir l'empereur sur les limites de son pays. Le temps fut serein et tempéré, excepté le matin et le soir, où il fit assez froid. Le 28 nous séjournâmes, et le temps fut comme le jour précédent. Le 29 nous fîmes environ trente lys au nord-ouest, en remontant le long du Hoang ho, afin d'aller chercher un lieu qui fut assez glacé pour le faire passer sur la glace à tout l'équipage. Nous marchâmes toujours dans la même plaine où nous avions campé, côtoyant ce croissant de montagnes qui l'enferment du côté du nord. Après avoir fait environ quinze ou vingt lys, nous passâmes la petite rivière de Tourghen, qui se jette proche