Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/431

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elle est extrêmement peuplée ; les maisons y sont assez bien bâties. On y voit plusieurs arcs de triomphe, tous de bois, fort anciens, et d'une architecture commune ; les rues sont étroites et les maisons assez serrées. Elle a environ neuf lys de tour. Le temps fut serein et assez doux pour la saison, parce qu'il ne faisait point de vent. Le 5 nous partîmes de Tai tong fou, où l'empereur laissa les soldats qu'il y avait envoyés, et une partie de ceux qui l'y avaient accompagné, et tous les chevaux maigres pour les y engraisser, et se tenir prêts à marcher au premier ordre. Sa Majesté laissa aussi ceux de sa suite, qui voulurent venir plus lentement, ayant déclaré qu'il marcherait à grandes journées jusqu'à Peking. En sortant de la ville par la porte de l'est, nous passâmes une rivière qui s'appelle Yu ho. Elle est assez large, mais elle paraît peu profonde. Nous la passâmes sur un beau pont de pierres à arcades. Nous fîmes quatre-vingt-dix lys, droit à l'est, presque toujours dans un pays fort uni, et dont la terre est bonne. Nous passâmes plusieurs villages et petits bourgs murés ; on continue à y voir de dix en dix lys des tours de terre et de ces fourneaux dont j'ai parlé. Nous eûmes toujours au nord cette grande chaîne de montagnes qui environnent la Chine jusqu'à la mer Orientale. Elles ne paraissaient pas éloignées de nous de plus de quatre ou cinq lieues. Nous vînmes coucher dans un petit village, environné de murailles de terre assez hautes, nommé Van quan tun. Le temps fut couvert tout le jour, et la neige qui avait commencé à tomber la nuit, continua jusque vers les trois heures après midi ; mais tout se dissipa la nuit par un grand vent de nord-ouest, qui ne dura qu'environ deux heures. Le 6 nous fîmes quatre-vingt-dix lys à l'est, toujours dans un pays uni et bon pour le labourage ; nous passâmes encore plusieurs bourgs, forts, et villages, entr'autres une ville, nommée Yang ho oei, qui est assez grande et bien bâtie, toute fermée de bonnes murailles. Elle est à douze lys de Tai tong fou. Nous vînmes toujours en nous approchant de cette chaîne de montagnes dont je viens de parler, et nous voyions si distinctement la grande muraille, qui est au pied de ces montagnes du côté du sud, que nous pouvions compter les tours ou boulevards qui sont de distance en distance. Nous vînmes coucher à Tien tching, ville fermée comme les autres, de murailles de brique assez hautes et assez entières. Cette ville est médiocrement grande, mais la plupart des maisons tombent en ruine, sans qu'on pense à les relever. La stérilité des grains de deux ou trois années consécutives, avec les corvées dont les mandarins vexent ce pauvre peuple, sous prétexte de la guerre, ont fait déserter la plupart des habitants. Nous passâmes et repassâmes la rivière d'Yu ho. Le temps fut serein tout le jour, mais vers les neuf heures du matin il s'éleva un grand vent d'ouest, qui nous eut bien incommodé, si nous ne l'avions pas eu à dos, il dura jusqu'au soir qu'il s'affaiblit un peu.