Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/441

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ho, qui coule en cet endroit nord et sud, et nous vînmes coucher à Pao te tcheou, ville bâtie sur le sommet d'une montagne, à l'est du Hoang ho. Ses murailles sont fort bonnes, partie de pierres de taille, partie de briques. Elle est bâtie fort irrégulièrement contre la coutume de la Chine, parce qu'elle suit la montagne qui est fort escarpée du côté du Hoang ho, et presque de toutes parts. On me dit qu'il y avait dans la ville environ six cents maisons, outre les faubourgs, et plusieurs maisons bâties çà et là au pied des montagnes qui sont à l'est du Hoang ho. Depuis la fin de cette vallée, que nous passâmes en descendant ces montagnes, il y a aussi plusieurs hameaux. Pao te tcheou est principalement le lieu d'où sort le poisson nommé chi hoa ly yu ; c'est une espèce de carpe, dont la chair est fort délicate et fort grasse ; elle se pêche dans le Hoang ho, dans l'étendue de quinze ou vingt lieues, au-dessus et au-dessous de Pao te tcheou. Les gens du pays attribuent la délicatesse de ce poisson à une espèce d'herbe, ou de mousse, qui croît dans les rochers, le long desquels coule le Hoang ho. Les carpes sont friandes de cette mousse, qui les engraisse, et rend leur chair si délicate, qu'on la préfère à celle des autres poissons, soit de mer, soit de rivière. On en porte tous les ans à Peking durant l'hiver pour l'empereur, et pour les Grands de la cour, auxquels les mandarins de la province en font présent. Au reste le Hoang ho divise en cet endroit la province de Chan si, qui finit là, de celle de Chen si, qui commence de l'autre côté de la rivière. Nous prîmes par la hauteur méridienne du soleil la hauteur du pôle, que nous trouvâmes de trente-neuf degrés huit minutes. Le 21 l'empereur et une partie de sa suite passa le Hoang ho, mais tous ne purent pas passer, parce qu'il n'y avait pas assez de barques ; le vice-roi de Chan si en avait fait faire vingt pour le passage, mais chacune ne pouvait porter que cinq ou six chameaux, ou neuf ou dix chevaux à la fois, avec peu de bagage, et la rivière ayant plus de deux cents toises en cet endroit, et étant d'ailleurs fort rapide, il n'y eut qu'une partie du monde qui pût passer, quoique l'empereur eut envoyé tous les Grands de sa suite pour présider au passage, et empêcher le désordre, et que Sa Majesté y assistât même depuis midi jusqu'à la nuit, et qu'il fît passer des chevaux et du bagage sur les deux barques qu'on avait préparées pour lui, qui étaient ornées de peintures très propres. Les mandarins de la province de Chen si qui ont ce pays dans leur juridiction, vinrent recevoir Sa Majesté sur le bord de la rivière. Le vice-roi ni le tsong tou n'étaient pas encore arrivés ; nous campâmes à trois lys environ au nord de Pao te tcheou, et aussi loin à l'ouest d'une petite ville presque toute ruinée, qui est sur le haut d'une montagne fort escarpée. Le Hoang ho baigne le pied de cette montagne, et la ville s'appelle Fou ko hien. Le 22 nous séjournâmes dans notre camp, et tout le jour fut encore