Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/445

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Nous vînmes camper à cinq ou six lys au-delà d'un bourg fermé de murailles nommé Choang chan, semblable à ceux des jours précédents, c'est-à-dire, fort misérable, et fort ruiné. Il y avait un ruisseau qui coulait le long de la montagne sur laquelle nous campâmes. Nous trouvâmes la hauteur du pôle de Choang chan pou de 38 degrés 35 minutes. Le ruisseau s'appelle Ouang quan kien. Le premier jour d'avril, dixième de la troisième lune, nous fîmes 70 lys, les cinquante premiers presque droit à l'ouest, et les vingt derniers au sud-ouest, toujours dans un pays fort inégal, et presque tout de sables mouvants. Durant les cinquante premiers lys, il y avait quantité de grandes herbes et de broussailles, mais les vingt derniers n'étaient que sables mouvants, sans aucune herbe, amassés çà et là par le vent, et formant de petites collines. Nous côtoyâmes presque toujours la grande muraille, et souvent de très près. Nous allâmes même l'examiner ; elle est toujours de terre battue, et ruinée en plusieurs endroits. Le vent y a jeté tant de sable, qu'il s'y est fait un talus, par lequel on peut monter et descendre à cheval. Les tours étaient environ à cent toises l'une de l'autre, toutes de brique, hautes en dedans d'environ cinq toises et de plus de six en dehors. Elles pouvaient avoir trois toises de largeur à chaque côté en carré ; on entre dans ces tours par une petite porte qui touche la terre. Il y a une autre porte qui sert à mettre des machines pour défendre l'entrée de la cour. Il y a trois ou quatre gardes dans ces tours, qui sont à demi quart de lieue environ l'une de l'autre, et des tuntai pour allumer des feux, qui servent de signaux. Après avoir fait trente-cinq lys, nous passâmes un petit bourg muré où il n'y avait pas cinquante maisons, plus des deux tiers de l'espace qui est environné de murailles étaient vides. Il y a pourtant un cheou pei, aussi bien que dans chacun des bourgs précédents, avec environ quatre-vingt soldats qui occupent le peu qu'il y a de maisons. Ce bourg s'appelle Tchang lo pou ; il a à l'orient un petit ruisseau de fort belle eau. Nous couchâmes à Yu lin ouei, ville pour le moins aussi grande que Tai tong fou, et guère moins peuplée. Sa garnison ordinaire est de trois mille quatre cents Chinois, commandés par un tsong ping. Un tao réside dans cette ville qui est de la dépendance de Yen ngan fou, aussi bien que tout le pays que nous avons traversé depuis que nous avons passé le Hoang ho. On nous dit qu'elle n'avait que neuf lys de tour, mais à la voir, je lui en aurais donné pour le moins douze. Comme cette ville est de tous côtés environnée de sables, elle est obligée de tirer de fort loin les commodités de la vie, et tout y est fort cher, excepté les herbages et les légumes qui y sont excellents, aussi bien que les melons d'eau, et les jujubes, à cause des sables qui rendent le sol fort chaud en été. On y fait aussi un grand commerce de bestiaux, et de peaux d'agneau avec les Mongous d'Ortous ; ce qui y fait subsister un grand peuple. Les murailles ont plus de soixante pieds de hauteur. Les tours et les boulevards, qui sont de briques, sont bien entretenus. Une petite rivière qui s'appelle Vou tin ho, coule à l'ouest de la ville ; elle prend sa source dans le pays d'Ortous, et va se jeter