Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/510

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Il ne faut, nous ajoutèrent-ils, depuis Ergone jusqu'à Genissée que douze jours de marche, en descendant la rivière ; mais il en faut quarante-cinq pour la remonter ; encore faut-il que ce soit sur la glace, car son cours est si rapide, qu'on ne la peut remonter en bateau. Ergocikoi est située sur la rivière d'Angara à cent lys de son embouchure dans le Paykal. D'Oude, qui est une habitation des Moscovites sur la rivière de Selengha, un peu au-dessus de son embouchure dans le Paykal, au-dessous du bourg de Selengha, à une bonne journée de distance, est éloignée d'Aborghai jim, de 260 lys. La rivière de Tarn est éloignée de la Genissée d'environ un mois de chemin. Les Kalkas qui demeurent aux environs de Toula, d'Orgon, et de Selengha, étaient autrefois dépendants de Tousictou han ; mais comme ils ne le suivirent pas dans sa fuite, et qu'ils se contentèrent de se retirer sur les montagnes, et dans les bois, ils demeurèrent d'abord comme indépendants, et l'empereur les ayant invités à venir demeurer plus près de la Chine, avec offre de leur donner des terres, ils répondirent qu'ils se soumettraient volontiers à Sa Majesté, qu'ils lui paieraient le tribut, et qu'ils recevraient et exécuteraient ponctuellement ses ordres ; mais qu'ils ne pouvaient quitter le lieu où ils étaient pour aller ailleurs, sans s'exposer à périr de misère, parce qu'ils n'avaient ni équipages, ni troupeaux suffisamment pour faire une longue traite, et pour s'entretenir ; que dans le lieu où ils étaient, ils pourraient vivre de chasse et de pêche, parce que les bois y étaient pleins d'ours, de sangliers, de cerfs, et de daims ; que les peaux de ces animaux leur servaient encore pour se vêtir, et pour couvrir leurs tentes. Comme ces raisons étaient vraies, l'empereur leur permit de ne point sortir de là ; il ordonna seulement qu'on les partageât en étendards et en niurous ou compagnies. On fit trois étendards, parce que tout ce qu'il y avait de Kalkas, dépendaient des trois princes kalkas, qui étaient leurs chefs. Ces trois princes, ou taikis, furent faits chefs, chacun d'une bannière composée de ses gens. L'empereur fit le plus considérable d'entre eux peilé, c'est-à-dire, régulo du troisième ordre. Il s'appelait Kentou taiki. Il n'eut pas le loisir de se voir revêtu de cette dignité, parce qu'il mourut tandis qu'on travaillait au partage de ces étendards ; mais il laissa un fils, âgé seulement de cinq ans, qui en fut revêtu, et en cette qualité il eut toujours la première place entre les princes kalkas de ce pays ; durant l'assemblée il demeura avec ses gens aux environs du lieu où la rivière de Hasui se jette dans celle de Selengha. Le second taiki fut fait comte. Le troisième, qui se nomme Aria, demeura taiki, et n'eut d'autre dignité que celle de chassac, qui veut dire en leur langue, chef d'étendard. Ces trois chefs eurent chacun leurs appointements réglés durant la guerre des Eluths avec les Kalkas. Ils sont extrêmement adroits à tirer de l'arc à pied et à cheval, dont ils font un exercice continuel à la chasse. La plupart sont vêtus de peaux de cerfs, et d'une espèce de daims qu'ils