Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/541

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yuen et Tsuen tcheou, qui commandent des passages étroits, de sorte que ces deux villes ayant été prises, la cour se trouvait comme bloquée par les Japonais. Tching tching et Hang tching se retirèrent ; celui-ci à la ville de Tun tsing, éloignée de six cents lys de la capitale de Corée, et celui-là à King chang, qui en est éloignée de quatre cents lys. Les Chinois l'assiégèrent, mais sur un faux bruit que le secours arrivait, ils furent abandonnés de leur commandant Hao kouei, qui prit la fuite. Ils se débandèrent ensuite, et les Japonais en tuèrent plus de dix mille. Quand on fit la revue, on trouva qu'il en manquait plus de vingt mille. Hao kouei fut cassé et livré entre les mains de la justice pour être puni. La vingt-sixième année de Van lie, la neuvième lune, Leou ting alla assiéger Hing tchang dans son camp. Il députa Ou tsong tao, pour l'inviter à une entrevue où ils traiteraient d'affaires à l'amiable. Hing tchang promit de se trouver au rendez-vous, accompagné de cinquante de ses gens. Leou ting transporté de joie, posa de tous côtés ses troupes en embuscade, pour l'investir au signal qu'il donnerait ; il fit prendre sa place et son nom à un de ses officiers, et pour lui, il prit la place d'un soldat ; ordonnant que lorsqu'il sortirait de la tente, on tirât le canon, et qu'ensuite tous accoururent pour entourer Hing tchang et ses gens, et les mettre tous à mort. En effet le jour suivant Hing tchang arriva, n'ayant à sa suite, comme il l'avait promis, que cinquante cavaliers ; celui qui représentait Leou ting le reçut avec des honneurs extraordinaires. Quand on fut à table, Hing tchang jetant les yeux sur Leou ting, déguisé en soldat, qui tenait la bouteille et la tasse à la main : — Ce soldat, dit-il, me trompe fort, si sa fortune n’est pas heureuse. Leou ting surpris de ce discours, sort de la tente, et donne le signal dont il était convenu. Hing tchang qui découvrit l'embuscade, monta à l'instant à cheval, et ses gens formant un escadron triangulaire, partirent comme un éclair, passèrent au travers des Chinois, tuant à droite et à gauche tout ce qui se présentait, et se retirèrent. Le lendemain Hing tchang envoya remercier Leou ting de son festin. Celui-ci lui fit faire des excuses, sur ce que mal à propos on avait tiré le canon, et troublé la joie du festin. Hing tchang fit semblant d'être satisfait de ces excuses, mais le lendemain il envoya à Leou ting une coiffe de femme. Leou ting fit aussitôt donner l'assaut, mais ce fut sans succès : les Chinois furent presque toujours vaincus. Enfin la nouvelle de la mort de Tai ko, qui était arrivée le 9 de septième lune de la vingt-sixième année de Van lie, c'est-à-dire, l'année 1598 fit naître aux Japonais le désir de retourner dans leur pays. Le 17 de l'onzième lune Ling tching mit le premier à la voile, et il fut bientôt après suivi du reste des Japonais ; ainsi finit cette guerre qui avait duré sept ans. Le prince qui règne maintenant dans la Corée, est de la maison des mêmes Li, et se nomme Li tun. On ne sera pas fâché de voir ici le placet qu'il présenta à l'empereur Cang hi l'an 1694 .