L'Amirauté avait même fait partir d'avance un lieutenant, accompagné de vingt-cinq hommes, et avec autant de bagage et d'outils nécessaires que vingt-cinq chevaux en pourraient porter. La suite du capitaine Beerings était de trente-trois personnes, y comprenant les domestiques. Il atteignit le détachement de son lieutenant à Vvologda, et poursuivant son voyage vers Tobolsk, il passa par les villes de Totma, Vvtiug Vvelikoi, ou la grande Oustioug, Soli, Vvitziogda, Kaigorod, Solikamski, Vercho turia, Turinski, ou Japantzin, et Tumen. Le jour de son arrivée à Tobolsk fut le 16 de mars. La saison étant trop avancée pour pouvoir continuer de voyager de la même manière, il resta là jusqu'au 15 de mai. Alors il en partit, ayant fait passer son monde, et chargé son bagage sur quatre barques, avec lesquelles il descendit la rivière d'Irtisch jusqu'à Samarosko yam. Il avait pris à Tobolsk un moine de l'ordre de Saint Jérôme, un commissaire, des officiers subalternes, et trente sept soldats. Un peu au-dessous de la poste ou du relais de Samarosko, il entra dans le fleuve Obi pour le remonter, en passant devant les villes de Surgut et de Narim. Il prit un peu au-dessus de cette dernière la rivière de Keta, qui le conduisit jusqu'à Makofsk, qui est une forteresse (d'autres disent un monastère). Les peuples qui habitent ce pays depuis Tobolsk, sont les Ostiakes ; ils étaient autrefois païens, mais depuis quelque temps ils ont embrassé le christianisme, par les soins du métropolitain de Tobolsk. De Makofsk on se rend par terre à la ville ou forteresse de Jeniseïski. Ce fut là qu'il prit avec lui trente personnes, tant charpentiers que maréchaux, et il s'embarqua sur quatre bateaux, comme il avait déjà fait. De la rivière de Jenissée, il entra dans celle de Tunguska. Cette rivière a trois grandes cataractes, et plusieurs autres rapides, qui en occupent toute la largeur, d'un bord à l'autre. De plus, le lit de la rivière est parsemé assez fréquemment de rochers ou écueils cachés sous l'eau. Tous ces embarras rendent cette navigation très difficile, et l'interrompent en plusieurs endroits. Ainsi, on ne se tire de là qu'après avoir couru de grands risques, et essuyé bien de la fatigue. On quitte la rivière de Tunguska pour entrer dans celle d'Ilim. Mais les barques sibériennes qui sont arrivées jusque là, ne peuvent remonter cette rivière d'Ilim, qui a des sauts et peu de profondeur. Ainsi, le capitaine fit mettre son plus gros bagage sur de petits bateaux, qui étaient descendus de la ville d'Ilimski tout exprès. Le reste fut mis sur des traîneaux. Lorsqu'il fut arrivé à Ilimski il fit prendre les devants à son lieutenant, afin qu'il se rendît sur la rivière d'Uskut, ou Kuta, et sur celle de Lena. Il lui donna quelques officiers subalternes, et environ trente neuf charpentiers, au moyen desquels il devait, dans le cours de l'hiver, construire quinze barques, pour servir à descendre la Lena.
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