un poids de Russie, qui revient à 35 ou 40 livres. Il avait environ seize cents pouds pesant en provisions et bagages. Il n'est pas question de les faire voiturer par charroi dans un pays de montagnes et de marais. Le capitaine laissa un lieutenant à Jakutski, pour y passer l'hiver, avec ordre de prendre au printemps le même chemin par terre vers Ochotski Ostrog, et cependant il se rendit lui-même en ce lieu, où il ne trouva autour de la forteresse que dix familles russes. Sur la fin de décembre 1726 il reçut des nouvelles du lieutenant qu'il avait fait partir de Jakutski, par lesquelles il apprenait, qu'ayant été surpris par les glaces à l'entrée de la rivière de Gorbéa, à environ 450 verstes (ou 108 lieues françaises) avant que d'arriver à Iudomska kresta, il avait fait construire des traîneaux longs et étroits, sur lesquels il avait fait charger le bagage le plus nécessaire, et qu'il s'acheminait à pied avec son détachement. Le capitaine crut devoir aller au-devant de son lieutenant, menant avec les gens qu'il avait, les habitants d'Ochotski. Les provisions étaient tirées par de grands chiens. Enfin le lieutenant et sa troupe arrivèrent en ce lieu d'Ochotski le premier jour de janvier 1727. Ils étaient partis de la rivière de Gorbéa le 4 de novembre d'auparavant, et comme ils n'avaient pu porter des provisions en quantité suffisante, ils furent contraints, dans la nécessité de la plus cruelle faim, de manger la chair des chevaux morts. Ils se servirent de toutes les peaux qu'ils purent trouver, après les avoir frottées de chaux, à se couvrir le corps, et à se garantir les pieds de la rigueur d'un froid extrême. Ils furent forcés d'abandonner leur bagage en trois endroits différents, tout manquant dans une route entièrement déserte. Ce qu'ils trouvèrent de ressource, ne fut que dans un peu de farine, que le capitaine, par le défaut de quelques chevaux qui étaient morts de fatigue, avait été obligé de laisser à Iudomska kresta. Le même peuple d'Yakutes qui habite aux environs de la Lena, demeure aussi sur les rivières d'Aldan, et de Maya ; mais les bords de la rivière de Iudoma, et les environs de la forteresse d'Ochota, sont occupés par une nation qu'on appelle les Tunguses de mer, ou suivant le nom propre de leur langage, Lamutki. Ils ont des rênes apprivoisés en quantité qui les voiturent, et leur fournissent la nourriture et le vêtement. On trouve aussi des Tunguses établis près des lacs et de la mer, pour être à portée du poisson qui les nourrit ; leur religion n'est pas différente de celle des Yakutes. Le capitaine envoya au commencement de février un lieutenant avec 90 hommes, et quelques chiens, pour rapporter sur des traîneaux le bagage qui avait été abandonné sur la rivière de Iudoma. Ce lieutenant fut de retour à Ochotski dans le mois d'avril ; mais sans avoir pu suffire à rapporter tout le bagage ; c'est pourquoi le capitaine dépêcha encore 27 hommes pour Iudomska kresta, qui en revinrent au mois de mai. La neige tombe dans ce pays-là en telle abondance, qu'elle couvre ordinairement
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