Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/59

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l'habit et la profession de lama, pour venger la mort de son frère Senghé. Cette permission lui fut accordée : et aussitôt il forma un corps d'armée des anciens domestiques de Senghé et des troupes que lui accorda Otchirtou, et avec ce secours il se saisit des meurtriers de son frère ; après les avoir fait mourir, il se rendit maître de tous les biens de ses frères et des États de Senghé. Il épousa la principale femme de ce prince, qui était fille d'Otchirtou roi des Eluths, et ses forces augmentant chaque jour, il se vit en état de disputer le royaume à son beau-père Otchirtou, auquel il était redevable de la fortune présente. Une querelle que leurs gens eurent ensemble, fut le prétexte dont il se servit pour lui déclarer la guerre : il entra avec ses troupes dans le pays d'Otchirtou qui vint au-devant de son ennemi à la tête de ses gens ; la bataille se donna proche un grand lac nommé Kizalpou. Caldan remporta la victoire, fit son beau-père prisonnier, et le fit égorger pour s'assurer la conquête de ses États. Par là il devint le chef de tous les Eluths. Le Grand lama récompensa ses cruautés et la perfidie dont il avait usé envers un roi son beau-père et son bienfaiteur, en lui donnant le nom de han, qui signifie roi ou empereur, et c’est de ce mot qu'on appelle les princes tartares kan, qui est le même, et qui s'écrit de la même manière en Tartare que han : sur quoi il est bon de remarquer qu'en Europe on change H en K dans la plupart des mots, surtout lorsque la lettre est initiale, on dit donc ici han pour ce qu'on appelle kan en Europe : on nomme ici Hami une petite ville des Tartares Yusbeks, la plus voisine de la grande muraille, au lieu qu'en Europe on l'appelle Kami : on dit Houblai pour Coublai, Halhas pour Kalkas, et ainsi de plusieurs autres. Depuis ce temps-là le Caldan jouit tranquillement de ses conquêtes : il n'eut de guerre qu'avec les Hassaks pouroutes ennemis irréconciliables des Eluths, jusqu'à l'année 1688 qu'il entra à main armée dans le pays des Kalkas : il trouva ces peuples affaiblis par leurs dissensions domestiques, il les défit dans une bataille, et profitant de la supériorité de ses armes, il ne cessa de les poursuivre qu'après leur entière défaite. Si l'intérêt commun eut pu les réunir, les Eluths n'auraient jamais entrepris de les combattre. La première fois que j'allai du côté de la Moscovie pour y traiter de la paix, je vis les tristes restes de ces malheureux Kalkas, qui fuyaient de toutes parts pour se dérober à la fureur des Eluths. Maintenant que le Caldan a été détruit à son tour par l'empereur de la Chine, il n'y a plus dans ces vastes contrées que 10 ou 12.000 familles d'Eluths, à la tête desquels est un neveu de Caldan, fils aîné de Singhé. Ce prince nommé Tse vang raptan se retira d'auprès de son oncle, dès le commencement de cette dernière guerre : voici le sujet de sa retraite et de son mécontentement. Une princesse fille d'Otchirtou lui avait été promise en mariage : elle plut au Caldan, et il l'enleva. Non content d'avoir fait cette injustice à son