Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/78

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de bornes de ce côté-là entre l'empire de la Chine et celui de Moscovie, sort du lac de Dalai, et va se décharger dans le Saghalien oula, après environ cent lieues de cours : elle est partout navigable, et en quelques endroits on peut la passer à gué. De l'embouchure de cette rivière en remontant jusqu'à Niptchou, il n'y a que huit ou dix journées de chemin : de là à Yacsa, on ne met que deux ou trois jours en descendant la rivière. Les Moscovites appellent la bourgade de Niptchou, Nerzinskoi. Elle s'est beaucoup augmentée depuis le traité de paix, qui y fut conclu en 1689, et par la quantité de Moscovites qui ont abandonné Yacsa pour venir s'y établir, et parce que c'est de là que partent les caravanes de Moscovites qui viennent à Peking. Tout le pays qui est au nord de Saghalien oula, jusqu'à la mer Glaciale, entre le méridien de Peking et la mer Orientale, n’est qu'un désert entièrement inhabité. Les Moscovites nous dirent qu'ils avaient parcouru tout ce pays sans y trouver d'habitants, à la réserve d'un seul endroit, sur les bords d'une rivière nommée Oudi, où quelques chasseurs s'étaient établis, et où ils ont mis une colonie d'environ cent hommes, pour tirer le profit de la chasse de ces peuples : car on y trouve de très belles fourrures. Les Moscovites nous ajoutèrent qu'ils avaient parcouru les côtes de la mer Glaciale et Orientale, que partout ils avaient trouvé la mer, excepté dans un endroit vers le nord-est, où il y a une chaîne de montagnes qui s'avancent fort avant dans la mer. Ils ne purent aller jusqu'à l'extrémité de ces montagnes qui sont inaccessibles. Si notre continent tient à celui de l'Amérique, ce ne peut être que par cet endroit : mais qu'il y tienne ou non, il est certain qu'il n'en peut être guère éloigné : car s'il est vrai que notre continent s'étende de ce côté là six ou sept cents lieues au-delà du méridien de Peking, comme l'assurent ceux qui ont parcouru ce pays-là, et comme les deux cartes que les plénipotentiaires moscovites nous montrèrent, en font foi : et d'ailleurs si on fait réflexion combien il faut de degrés pour une aussi grande étendue de pays, sur les parallèles qui sont entre le 70e et le 80e degré de latitude, qui est celle du coin de la Tartarie, on n'aura pas de peine à conclure le peu de distance qu'il doit y avoir entre les deux continents de ce côté là. Quoiqu'il en soit, il est certain que cette Tartarie orientale n’est qu'un vaste désert, et que la partie septentrionale, qui est sous la domination des Moscovites n’est pas à beaucoup près si habitée que le Canada. Aussi les Moscovites n'en tirent-ils d'autre revenu que des fourrures, et des dents d'un certain poisson, qui sont plus belles, plus blanches, et plus précieuses que l'ivoire. Ils en font un grand commerce à Peking, mais il n'y a guère que des peuples comme les Moscovites, pauvres, endurcis au froid et à la fatigue, qui puissent se donner tant de peine avec si peu de profit. La multitude des fourrures leur vient de Sibérie, du pays qui est aux environs de l'Irtis, de l'Oby, et de la Genissée, et non pas de ces vastes pays, qui sont à l'orient de la Genissée jusqu'à la mer, où il n'y a que très peu d'habitants qui sont fort pauvres, et qui mènent une vie misérable. Leur plus