Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/99

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avec lui son fils aîné, jeune prince, alors âgé de dix ans. Les trois premières reines furent du voyage qu'elles firent chacune sur un char doré ; les principaux régulos qui composent cet empire en furent aussi, avec tous les Grands de la cour, et les plus considérables mandarins de tous les ordres : ils avaient tous une fort grande suite et un nombreux équipage, ce qui faisait à l'empereur un cortège de plus de soixante-dix mille personnes. Il voulut que je l'accompagnasse dans ce voyage, et que je fusse toujours auprès de sa personne, afin de faire en sa présence les observations nécessaires pour connaître la disposition du ciel, l'élévation du pôle, la déclinaison de chaque pays, et pour mesurer par les instruments de mathématiques la hauteur des montagnes et la distance des lieux. Il était bien aise pareillement de s'instruire sur ce qui regarde les météores, et sur beaucoup d'autres matières de physique et de mathématique. Ainsi il donna ordre à un officier, de faire porter sur des chevaux, les instruments dont j'aurais besoin, et il me recommanda au prince son oncle, qui est aussi son beau-père, et la seconde personne de l'État : on l'appelle d'un nom chinois, qui signifie associé à l'empire : il le chargea de me faire donner tout ce qui serait nécessaire pour le voyage ; ce que ce prince fit avec une bonté toute particulière, me faisant toujours loger dans sa tente, et manger à sa table. L'empereur avait ordonné qu'on me donnât dix chevaux de son écurie, afin que j'en pusse changer aisément, et parmi ceux-là, il y en avait qu'il avait monté lui-même, ce qui est une fort grande distinction. Dans le voyage on marcha toujours vers l'orient d'été. De Peking jusqu'à la province de Leao tong, le chemin, qui est d'environ de 300 milles, est assez uni ; dans la province même de Leao tong, il est de 400 milles mais beaucoup plus inégal à cause des montagnes : depuis la frontière de cette province jusqu'à quatre cents milles au-delà, il est fort difficile, étant coupé tantôt par des montagnes extrêmement escarpées, tantôt par des vallées d'une profondeur extraordinaire, et par des plaines désertes, où l'on fait deux ou trois jours de marche sans rien trouver. Les montagnes de ce pays sont couvertes du côté de l'orient de grands chênes et de vieilles forêts, qui n'ont point été coupées depuis plusieurs siècles. Tout le pays qui est au-delà de la province de Leao tong est fort désert, on n'y voit de tous côtés que montagnes, que vallées, que cavernes de tigres, d'ours, et d'autres bêtes farouches : on n'y trouve presque point de maisons, mais seulement de méchantes chaumines sur le bord des fleuves et des torrents. Toutes les villes et les bourgades que j'ai vues dans le Leao tong, et qui sont en assez grand nombre, sont entièrement ruinées. On n'y voit partout que de vieilles masures, avec des monceaux de pierre et de brique. Dans l'enceinte de ces villes il y a quelques maisons bâties depuis peu, mais sans aucun ordre : les unes sont faites de terre, les autres des restes des anciens bâtiments, la plupart couvertes de paille, très peu de brique. Il ne reste