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L’OISEAU TITIBA,

tortue, seigneur renard retourna vers sa tanière d’un pas lent et la queue baissée.

Après que l’oiseau titiba eut terminé son récit, sa femelle, qui l’avait écouté, lui répondit : Rien de tout ce que tu pourras me dire de plus rassurant ne sera capable de diminuer mes alarmes. Ne connais-tu pas ce proverbe :

« Il ne faut jamais se familiariser avec ceux qui sont plus puissans que nous ? »

Ainsi je ne puis vivre tranquille en me voyant à chaque instant exposée à être engloutie avec mes petits par cette mer furieuse. Il faut absolument quitter un si dangereux voisin, et nous retirer avec notre famille en lieu de sûreté.

La femelle titiba eut beau presser son mâle par mille sollicitations, ce dernier ne fit aucune attention à ses remontrances, et finit par lui imposer silence en lui disant d’un ton colère et résolu : Notre domicile se trouve fixé ici ; il y restera malgré tes vaines alarmes.

Ce que la femelle titiba avait appréhendé ne tarda pas à arriver ; la marée ayant un jour grossi plus qu’à l’ordinaire, les eaux atteignirent le nid, et emportèrent les petits en se retirant ; la mère se sauva au moyen de ses ailes ; mais voyant sa petite famille perdue sans ressource, elle se livra à l’affliction la plus amère.