Page:Dubois - Le Pantcha-Tantra ou les cinq ruses.djvu/222

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geait de lui ramener ce même âne et de le livrer entre ses griffes, pour en disposer comme il lui plairait.

Le lion accepta l’offre du renard, et celui-ci se rendit immédiatement auprès de l’âne, auquel il rapporta qu’il venait de la part du roi lion, de la présence duquel il s’était déjà enfui avec tant de précipitation. Lui reprochant ensuite sa pusillanimité : De quoi as-tu donc eu peur, lui dit-il, pour te sauver si vite sans vouloir répondre aux premières civilités du roi ? As-tu craint par hasard ses mouvemens brusques ? Sache qu’ils procédaient de l’excès de joie qu’il éprouvait en te voyant pour la première fois, et que le naturel du lion, lorsqu’il veut témoigner de l’attachement à quelqu’un est de le faire par des mouvemens violens et convulsifs. Crois-moi, profite de l’occasion de te mettre sous la protection d’un ami si puissant, je t’assure que si tu mets en lui une confiance sans bornes, tu ne tarderas pas à éprouver les effets salutaires de sa bienveillance. Suis-moi donc sans crainte, et jette-toi avec une entière confiance entre les bras d’un si puissant protecteur.

L’âne, séduit une seconde fois par les paroles du renard, l’accompagna sans défiance à