Page:Dubois - Le Pantcha-Tantra ou les cinq ruses.djvu/256

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en sortir et continuer leur route ; mais quel fut leur étonnement lorsque, parvenus avec leurs deux ânes à l’autre bord de la rivière, ils trouvèrent entièrement vides les sacs qu’ils avaient auparavant remplis de sel ? Il n’en restait pas un seul grain, la rivière l’avait tout dévoré sans qu’ils s’en aperçussent. Mais ce qui excita encore plus leur surprise, ce fut de voir que cette rivière eût pu voler leur sel sans délier les sacs ou sans les déchirer.

Cependant mon grand-père et son associé se furent bientôt consolés du malheur qui leur était survenu. Nous sommes encore fort heureux, se dirent-ils, d’en être quittes pour la perte de notre sel, et nous ne devons pas estimer comme un petit bonheur que cette cruelle rivière, après avoir dévoré tout notre sel, ne nous ait pas aussi engloutis vivans, nous et nos deux ânes.

Lorsque Idiot eut fini son histoire, Hébété, prenant la parole à son tour : Il y a long-temps, dit-il, que j’ai ouï parler des ruses et des fourberies de cette rivière ; elles sont connues de tout le monde dans le pays. En voici une, entre autres, dont on parle beaucoup[1].

  1. La fable rapportée ici étant la même que celle du