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LE CHEVAL

terre immobile sur le bord de l’étang, il les convainquit tous, sans qu’il restât dans leur esprit l’ombre d’un doute, que le cheval qui s’agitait dans l’eau devait être tout différent de celui qui était placé sur le bord, puisque l’un était immobile et l’autre sans cesse en mouvement. Paramarta et ses disciples, convaincus de la justesse du raisonnement sans réplique d’Idiot, entrèrent tous dans le projet que ce dernier leur avait suggéré de se rendre maîtres de ce cheval, pour qu’il pût servir de monture à leur vieux gourou. Il ne s’agissait plus que d’inventer les moyens de le prendre ; mais ils n’étaient nullement d’accord : quelques-uns étaient d’avis qu’une partie d’entre eux plongeât dans l’eau pour le lier avec des cordes, et le forcer ensuite de sortir ; mais ce parti, quoique le plus sûr et le plus prompt, paraissait trop périlleux et aucun d’eux ne possédait assez de courage pour l’exécuter. Quelques autres pensaient qu’il serait plus prudent et moins hasardeux de pêcher le cheval à la ligne. Ce dernier avis prévalut, et tous les disciples réunis se disposèrent à le mettre à exécution.

Voici comment ils formèrent leur ligne : au lieu d’hameçon, ils prirent une grosse faucille, et pour amorce du riz cuit qu’ils avaient pré-