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Page:Dubois - Le Pantcha-Tantra ou les cinq ruses.djvu/357

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tomba un jour dans une syncope qui le laissa sans aucun signe extérieur de vie et qui dura long-temps. Ses disciples, croyant qu’il était réellement mort, l’entourèrent tous pour pleurer et célébrer le deuil, en donnant les marques extérieures d’affliction usitées dans cette circonstance : après avoir témoigné leur douleur à la manière ordinaire, ils s’empressèrent de laver le cadavre[1], afin de finir vite la cérémonie des funérailles. Pour cet effet, ils remplirent d’eau un grand bassin qui était dans le mata, et y portèrent le gourou, dont l’évanouissement durait encore. Dans le temps qu’ils le lavaient, la froideur de l’eau, le frottement, le mouvement, l’exposition au grand air, firent sur lui une révolution favorable, et il commença à revenir de sa syncope, et à donner des signes de vie. Ses disciples s’en aperçurent ; mais tous furent d’avis que ces signes de vie venaient à contre-temps, et que leur maître ne devait pas penser à vivre lorsque l’heure de sa mort était venue. Dans cette persuasion, ils lui enfoncèrent la tête dans l’eau et le suffoquèrent.

  1. Cette pratique de laver les cadavres avant de les enterrer ou de les brûler, est universellement suivie par les Indiens de toutes les castes.