Page:Dubois - Le Pantcha-Tantra ou les cinq ruses.djvu/362

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me vois, et que je n’ai pas approché de tes moutons.

Elle est jeune et grasse, quoique boiteuse, répliqua le berger, tu pourras t’en régaler avec ta famille et tes amis.

Je t’ai déjà dit, reprit le taleyary fort en colère, que je n’avais pas approché de tes brebis, et tu continues de m’accuser d’en avoir estropié une ! Retire-toi, sinon je te frapperai ; en disant ces mots, il leva la main et se mit dans une posture à exécuter sa menace. Le berger, voyant cela, se mit aussi en colère et se tint sur la défensive. Ils étaient sur le point de se saisir l’un l’autre lorsque un cavalier vint à passer auprès d’eux.

C’est la coutume parmi les Indiens qui se querellent de prendre le premier venu pour arbitre de leur différend ; le berger courut vite saisir la bride du cheval, et dit à celui qui le montait : Arrêtez, je vous prie, un instant pour nous entendre, et pour décider lequel de nous deux a tort dans la querelle où vous nous voyez engagés : je veux faire présent d’une brebis à cet homme, qui m’a rendu service, et lui s’avance pour me frapper. Le taleyary prenant la parole à son tour : Ce stupide berger, dit-il, ose m’accuser d’avoir cassé ta jambe à une de ses