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Page:Dubois - Le Pantcha-Tantra ou les cinq ruses.djvu/380

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LES QUATRE BRAHMES FOUS.

Ma femme était présente : en entendant ces paroles, elle vit bien ce qui lui allait arriver, et voulut s’enfuir ; mais je la saisis, et pendant que je la tenais assise par terre, le barbier lui rasa la tête. L’opération faite, elle courut vite se cacher, vomissant contre le barbier et contre moi un torrent d’injures. Mon homme décampa sur-le-champ ; mais en route il rencontre ma mère et lui raconte ce qui venait de se passer : celle-ci, d’accourir à l’instant pour vérifier ce fait, et lorsqu’elle vit que le barbier ne lui avait dit que la vérité, elle resta quelque temps confuse et interdite, et ne rompit le silence que pour m’accabler d’imprécations et de menaces.

Le barbier publia par-tout cette aventure, et les méchans ne manquèrent pas d’ajouter à son récit qu’ayant surpris ma femme en flagrant délit dans les bras d’un autre homme, je lui avais fait raser la tête en punition de sa faute. On accourut en foule de tous les côtés ; on amena même un âne pour y faire monter ma femme, et la promener en cet équipage dans le village, comme on a coutume de le faire pour les femmes qui ont manqué essentiellement à leur honneur.

Ce n’est pas tout, l’histoire parvint bientôt chez les parens de ma femme ; son père et sa mère accoururent pour savoir ce qui en était.